Gilles Mathieu, cofondateur des Nomads, défunt groupe d'élite des Hells Angels, a beau tout faire comme il le faut depuis sa libération d'office en septembre 2013, la Commission des libérations conditionnelles du Canada maintient la ligne dure: elle refuse, pour la deuxième fois, qu'il quitte la maison de transition pour retourner vivre avec sa conjointe, malgré la recommandation de l'agent de libération de l'ancien motard.

«Vous offrez une bonne collaboration. Vous vous êtes montré positif en réintégrant le marché du travail rapidement malgré votre âge. Vous paraissez serein dans votre nouveau mode de vie qui ne soulève aucun soupçon de retour à la criminalité. Votre potentiel de réinsertion sociale est évalué à modéré et votre motivation, à élevée», commence par énumérer un commissaire dans une décision rendue le 30 juillet.

Mais ce dernier refuse tout de même la demande de Mathieu pour cinq raisons. D'abord, les changements opérés par l'ancien motard sont récents et il a maintenu des valeurs criminelles durant 30 ans, ce qui est «une très longue période dans la vie d'un homme», écrit le commissaire.

Il y a eu également cet épisode où, après sa libération, Mathieu s'est rendu à quatre reprises chez un coiffeur qui était également sur la liste des visiteurs au pénitencier d'un autre ex-motard condamné. Mathieu a toutefois changé de coiffeur depuis.

Enfin, la Commission rappelle que Gilles Mathieu a été «un membre actif et très haut placé de l'organisation criminelle la plus redoutable au Canada, qui a mis en place un réseau de distribution de drogue absolument colossal et monopolistique», qui s'est accompli par l'entremise des stratégies violentes décrites dans le document.

Repentant

Pour cette deuxième tentative de quitter la maison de transition, Mathieu a fait des représentations écrites dans lesquelles il reconnaît la responsabilité de ses délits.

Il affirme que c'est uniquement après son arrestation et le début de son incarcération qu'il a vraiment pris conscience de l'impact négatif qu'il a eu sur la société. Il admet que cela a été difficile de perdre ses habitudes et ses réflexes criminels, et il a pris conscience des ravages créés par la drogue.

Il ajoute qu'il a trouvé difficile de dévoiler ses sentiments, qu'il est de cette génération d'hommes qui n'a jamais appris à exprimer ses sentiments sur la place publique, que pour se montrer fort, il fallait garder ses sentiments pour soi, ne jamais exprimer ses repentirs devant les autres et, autant que possible, ne pas pleurer.

Enfin, il affirme qu'il essaye tous les jours d'être une meilleure personne, qu'il a des regrets pour les victimes, qu'il ressent de la honte pour le mal qu'il a fait et qu'il espère que la société sera compréhensive à son endroit.