Le conseil d'administration du Barreau du Québec, qui a suspendu la semaine dernière la bâtonnière Lu Chan Khuong, vient de former un comité chargé de formuler des recommandations afin de guider le conseil pour la suite des choses.

Selon une lettre que le Barreau du Québec a envoyée jeudi soir à ses membres, ce comité devra «analyser la situation portée à la connaissance du Conseil d'administration le 30 juin et par la suite révélée dans La Presse+ du 1er juillet, ainsi que les commentaires et le comportement de la bâtonnière en lien avec cette situation avant, pendant et après sa révélation».

Le comité de gouvernance et d'éthique du Barreau a choisi de se récuser dans le dossier et a proposé la formation d'un comité spécial. Celui-ci sera formé de trois membres: le juge à la retraite de la Cour d'appel du Québec Paul-Arthur Gendreau, l'ancienne bâtonnière Madeleine Lemieux et l'avocat William J. Atkinson.

La semaine dernière, Lu Chan Khoung a déclaré à La Presse+ qu'elle avait fait l'objet d'une plainte policière pour vol à l'étalage chez Simons en avril 2014, puis accepté que son dossier soit déjudiciarisé. Elle a cependant catégoriquement nié avoir commis un vol et plaide l'erreur d'inattention. «Je n'ai jamais reconnu la véracité des faits», a-t-elle déclaré à La Presse+. «C'est un choix que j'ai fait [la déjudiciarisation] [...] pour éviter le tapage médiatique et éviter de perdre mon temps à la cour, pour éviter tout ce processus», a-t-elle ajouté.

Le lendemain, le C.A. du Barreau a unanimement demandé sa démission. Mme Khuong a refusé, après quoi les membres du conseil d'administration ont suspendu la bâtonnière.

Mise en demeure

Jeudi, l'équipe de la bâtonnière a mis en demeure le conseil d'administration du Barreau de réintégrer sa cliente et de lui offrir des excuses.

Dans sa lettre envoyée aux membres du C.A., son avocat Me Jean-François Bertrand, qualifie la décision de suspendre la bâtonnière de ses fonctions d'«intempestive, illégale et déraisonnable».

Le Barreau a indiqué qu'il prenait acte de la mise en demeure et confiait à ses procureurs le mandat d'y donner suite.