Même si la GM de Danny Dubuc-Marquis «présentait la défectuosité de l'interrupteur d'allumage» qui a forcé le rappel de 1,6 million de voitures en Amérique du Nord et incité le constructeur à lancer un programme d'indemnisation des victimes, ce n'est pas ce problème qui a entraîné la mort du jeune homme de 23 ans de Granby en juin 2013, selon le rapport du coroner rendu public hier.

«Le déploiement de coussins gonflables était impossible puisque l'interrupteur d'allumage» était en position «accessoires» au moment de l'accident, explique le rapport.

Cependant, la sortie de route «n'a pas été causée par cette défectuosité ni par aucun problème mécanique sur le véhicule». Selon le coroner, Danny Dubuc-Marquis se serait endormi au volant parce qu'il était «intoxiqué à l'alcool, conduisait sa voiture au milieu de la nuit et était éveillé depuis près de 22 heures consécutives». Le jeune homme ne portait pas sa ceinture de sécurité et roulait au-delà de la vitesse permise.

Même si les sacs gonflables s'étaient déployés, la victime aurait vraisemblablement heurté quand même le pare-brise et le rétroviseur à cause de l'angle de l'impact, ajoute le coroner.

Normand Dubuc, le père de la victime, n'a pu envoyer de réclamation dans le cadre du programme d'indemnisation mis en place par GM pour les familles des victimes, parce qu'il n'a toujours pas accès au rapport de la Sûreté du Québec au sujet de l'accident.

Transports Canada au courant

À la suite de l'accident ayant causé la mort du jeune Dubuc-Marquis, le ministère des Transports du Canada aurait été mis au courant des problèmes liés au commutateur d'allumage de certaines voitures GM, et ce, huit mois avant que le constructeur ne procède au rappel de milliers de voitures, selon l'émission Enquête, diffusée hier soir à la télévision de Radio-Canada.

Trois jours après l'accident mortel, des enquêteurs en collision ont informé Transports Canada du fait que l'interrupteur d'allumage était en position accessoire, ce qui a empêché le fonctionnement des sacs gonflables. Pourtant, l'organisme fédéral a abandonné son enquête au cours de l'été 2013 et a envoyé la voiture accidentée de Danny Dubuc-Marquis à un dépôt de ferraille. Huit mois plus tard, GM procédait au plus important rappel de son histoire, à cause de cette défaillance, et reconnaissait que le problème avait provoqué des dizaines d'accidents et de décès en Amérique du Nord.

Selon Enquête, un deuxième accident mortel impliquant une voiture équipée de la pièce défectueuse se serait produit au Québec. Il impliquerait Danylo Kulish, 55 ans, mort en mars 2014 quand sa voiture est entrée en collision avec un pilier de ciment sur une autoroute.

La ministre des Transports, Lisa Raitt, a dû défendre le travail de ses fonctionnaires, hier, à la Chambre des communes. Elle a répété que Transports Canada n'était pas au courant de la défaillance mécanique avant que GM ne l'en informe, en février 2014.

«Si la population avait été alertée, des vies auraient pu être sauvées, a souligné le député néo-démocrate de Brossard-La Prairie, Hoang Mai. GM a d'ailleurs admis sa culpabilité pour 29 décès reliés à ces défaillances. Il y a des réclamations pour 150 autres décès. Son ministère a détecté le problème huit mois avant le rappel. Comment la ministre peut-elle affirmer à la Chambre qu'elle ne savait rien?»