Estimant avoir fait l'objet d'une «enquête injustifiée, bâclée et partiale» qui a bouleversé leur vie et nui à leur carrière dans la police, les jumeaux Francis et François Bouffard poursuivent le Procureur général du Québec à hauteur de 500 000$ chacun. La Sûreté du Québec est mise en cause.

En mai 2011, moment où leurs ennuis ont commencé, Francis était superviseur aux crimes contre la personne à la Sûreté du Québec. François était chef de la section du crime organisé aux enquêtes spécialisées du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Pendant deux ans, entre mai 2011 et avril 2013, les deux policiers ont été relevés de leurs fonctions habituelles parce qu'on les soupçonnait de corruption. Les allégations avaient trait à des pots-de-vin qu'ils auraient donnés au maire de Mascouche (Richard Marcotte) pour favoriser un projet résidentiel qu'ils menaient avec leur père, Samuel Bouffard. Ce dernier est retraité de la Ville de Mascouche, pour laquelle il a travaillé comme contremaître.

Mis à l'écart

Pendant l'enquête, la SQ a suspendu Francis avec solde, tandis que le SPVM a réaffecté François à des tâches administratives, sans responsabilité de gestion.

En mars 2013, le dossier a été déféré à un procureur des poursuites pénales et criminelles, qui n'a finalement pas porté d'accusation.

En avril 2013, Francis a appris qu'il était réintégré. Mais il n'a pu reprendre son travail immédiatement en raison de sa santé, qui s'était détériorée, soutient-on dans la poursuite.

En ce qui concerne François, il a pris sa retraite du SPVM le 1er avril dernier. Lui aussi était en congé de maladie, en raison «des conséquences de l'enquête», lit-on dans la requête.

Les deux hommes soutiennent qu'ils avaient offert leur collaboration dès le début de l'enquête, notamment en permettant l'accès aux comptes bancaires et aux livres de l'entreprise familiale. Francis avait aussi proposé des témoins à interroger, que les enquêteurs de l'escouade Marteau n'ont pas rencontrés, déplorent-ils.

Les deux frères soutiennent que la façon de faire de la SQ et la médiatisation qui a suivi ont nui à leur santé, à leur carrière et à leur réputation. Francis signale que la SQ avait coupé tous les ponts avec lui, lui interdisant même de participer au tournoi de golf des anciens de la SQ, alors qu'il en était le président et organisateur.

Francis soutient que le poste pour lequel il était pressenti en 2011, celui de lieutenant aux crimes contre la personne, lui a échappé en raison de cette enquête. François soutient lui aussi qu'il était pressenti pour un poste d'officier de haut rang au SPVM avant cette affaire.