L'affaire Roberge force le SPVM et les autres grands corps policiers de la province à revoir toute la question du contrôle des sources, a appris La Presse. La durée de la relation entre un enquêteur et une source, le nombre d'informateurs qu'un enquêteur pourra contrôler, la façon dont un contrat conclu entre un enquêteur et une source sera encadré ; tous ces aspects, et bien d'autres, seront examinés par les responsables. «Les sources jouent un rôle primordial pour nous. L'objectif est de voir comment on peut améliorer les procédures», confirme le commandant Ian Lafrenière de la police de Montréal.

À la suite de l'affaire Roberge, le SPVM a mis sur pied un comité interne pour étudier cette question, l'automne dernier, alors qu'un groupe de travail, composé de représentants des principaux corps de police de la province, dont la police de Montréal, se réunit pour la première fois aujourd'hui. «L'objectif de ce comité sera de revoir les méthodes de travail, de les améliorer et d'harmoniser les procédures entre différents corps de police», nous a dit un autre policier.

Les sources codées sont des individus du milieu criminel qui sont rémunérés pour leurs services et qui rendent des comptes à un policier appelé contrôleur. Tous deux sont soumis à des procédures très strictes.

Le SPVM, qui a été secoué par deux retentissantes affaires de taupes en deux ans, a sécurisé son système de banques de données où sont stockées toutes les informations sur ses sources, depuis la défection du policier Ian Davidson à l'hiver 2012.

Au tournant de l'année 2010, un nouveau programme de formation des contrôleurs de sources avait également été mis sur pied à la division du Renseignement. Avec le plus récent comité mis sur pied cet automne, le corps de police veut maintenant s'attaquer aux aptitudes et à la fidélité des policiers contrôleurs ainsi qu'à la façon dont les informations données par un informateur seront gérées et partagées, a expliqué le commandant Lafrenière à La Presse.

Syndrome de Stockhlom

Benoit Roberge a travaillé à temps plein à des enquêtes sur les motards criminels durant 14 ans et contrôlé jusqu'à une cinquantaine de sources. Des policiers ont avancé la théorie du Syndrome de Stockholm, un phénomène psychologique par lequel les otages détenus depuis longtemps finissent par développer une empathie pour leurs geôliers, pour expliquer sa présumée trahison. La ligne est en effet souvent mince entre les policiers contrôleurs et leurs sources.

«Garder trop longtemps un policier dans une escouade comme ça, c'est une faute du système. Tu viens à penser comme un bandit», dit l'ancien chef de la police de Montréal, Jacques Duchesneau qui croit qu'un policier ne devrait pas passer plus que quatre ou cinq ans au sein d'une telle unité.

«C'est parfois difficile de dire non à une source qui t'invite prendre une bière après un bon coup. Si tu joues trop le livre, les bandits ne te parlent pas. Ça pend parfois des bandits pour arrêter des bandits», conclut une source du milieu policier, démontrant que la réflexion ne sera pas facile.