Les juifs ultra-orthodoxes de Lev Tahor se disent «persécutés» par la Direction de la protection de la jeunesse québécoise, qui a convaincu hier la Cour du Québec de placer 14 enfants en famille d'accueil.

«Ils utilisent le système judiciaire pour imposer leur propre politique et leur propre vision», a déclaré l'un des leaders du groupe, Mayer Rosner, joint ce matin à Chatham-Kent, en Ontario. Le groupe de Sainte-Agathe-des-Monts y a fui en pleine nuit la semaine dernière et ignore depuis toutes les ordonnances de la Cour du Québec.

En soirée mercredi, au terme d'une longue journée d'audience ponctuée de révélations explosives, le juge Pierre Hamel a ordonné que les 14 des enfants de deux des familles en fuite soient placés en famille d'accueil jusqu'à ce qu'on entende l'affaire au fond, d'ici 30 jours. La DPJ des Laurentides veut faire homologuer ce jugement en Ontario pour que les services de protection de l'enfance ontariens puissent retirer les enfants en péril de leurs familles.

La Cour du Québec parle de «risques de torts sérieux» : mariages forcés, mauvais traitements et absence de soins de santé. La fuite du groupe et le refus de respecter les tribunaux placent les enfants dans une situation encore plus «périlleuse», estime-t-il.

D'après M. Rosner, les Ontariens n'ont pourtant rien trouvé à redire sur le mode de vie du groupe. Il accuse la DPJ de «gonfler de petites choses hors de proportion».

Si les familles sont convoquées devant le tribunal ontarien, elles s'y présenteront, promet-il toutefois. «Nous allons tenter de les convaincre avec des moyens légaux», dit-il.

Quant à savoir ce que feront les parents s'ils perdent la bataille et perdent leurs enfants, il refuse de l'envisager. «Nous espérons que cela n'arrivera pas», dit-il.