Les conseils d'un bon fiscaliste aurait peut-être empêché le mafioso montréalais Danny De Gregorio de voir sa libération conditionnelle être suspendue juste avant les Fêtes. Après trois mois en détention, celui que l'on surnomme Danny Arm, 49 ans, est parvenu jeudi midi à convaincre, non sans un certain suspense, un commissaire aux libérations conditionnelles à le remettre en liberté.

Le 20 décembre dernier, la libération conditionnelle de De Gregorio -qui est sous le coup d'une peine de 32 mois pour possession d'arme depuis novembre 2017- a été suspendue en raison «de manques répétés de transparence».

Son agente de libération, qui suggérait que sa libération conditionnelle soit révoquée, lui reprochait entre autres d'avoir brisé une condition spéciale de divulgation de ses états financiers en étant nébuleux sur de nombreux dépôts et retraits effectués dans ses quatre comptes de banque, et sur un prêt de 19 000$ consenti à une connaissance.

L'agente a également soutenu qu'à deux reprises, les 7 et 11 décembre derniers, De Gregorio lui a texté qu'il se trouvait au travail, dans une salle de réception de Montréal, alors que ce n'était pas le cas, après vérification de la police de Laval. «Il ment constamment», a-t-elle même accusé.

Un fouillis

Nerveux au début de l'audience, De Gregorio s'est défendu en expliquant notamment qu'il gère des immeubles appartenant à sa famille et que toutes ses transactions, même personnelles, passaient par un compte dévolu au volet immobilier.

«Vous faites une gestion atypique de vos flux de trésorerie. Ça m'apparaît être un fouillis. Mon père a eu des immeubles, je sais comment ça marche. J'ai été stupéfait quand j'ai vu ça. Je ne sais pas comment vous pouvez vous en tirer au niveau fiscal, comment une chatte pourrait retrouver ses chats là dedans. En anglais, ils ont une expression pour ça: Recipe for trouble (une recette pour les problèmes)», s'est exclamé le commissaire Michel Lalonde.

«Moi aussi, j'ai de la misère à gérer ça», a admis, presque penaud, De Gregorio, qui a expliqué avoir entamé des démarches pour séparer les comptes et les transactions.

Quant à ses absences du travail, il a notamment expliqué que son emploi fait en sorte qu'il est souvent sur la route, que le matin du 11 décembre, il attendait un appel de son patron qui n'est jamais venu, et que le matin du 7, il était bien au travail, mais que les policiers ne l'ont pas vu.

De Gregorio a ensuite promis de séparer ses transactions personnelles et immobilières, et de trouver «un emploi fixe, dans un lieu fixe, à salaire fixe, du lundi au vendredi».

Après avoir cuisiné le détenu durant une heure, le commissaire a conclu qu'il avait brisé une condition et manqué de transparence. «Ceci étant dit, je n'ai pas d'indication claire que vous êtes de retour dans votre cycle de délinquance», a toutefois ajouté le commissaire, jugeant que De Gregorio ne représentait pas un risque indu pour la société si deux nouvelles conditions, suggérées par l'agente, étaient ajoutées.

Ainsi, en plus de devoir divulguer ses états financiers, le mafioso devra éviter les bars et cafés italiens et se trouver un emploi à temps plein à salaire fixe.

De Gregorio a serré le poing de satisfaction et remercié son avocate, Me Rita Francis, avant d'embrasser une croix qu'il porte au cou.

Danny De Gregorio

• Autrefois très proche du chef de clan Giuseppe De Vito mort empoisonné au cyanure dans sa cellule de Donnacona à l'été 2013

• En 2008, il a été arrêté pour l'enlèvement et la séquestration de Nino De Bartolomeis, alias Nino Brown -victime d'une tentative de meurtre en mars 2016 à Montréal-, mais a bénéficié d'un arrêt des procédures

• À l'été 2009, Il a miraculeusement survécu à une tentative de meurtre à la sortie d'un gym de l'est de Montréal.

• Condamné à quelques amendes pour des affaires de contrebande de cigarettes, vol de carte de crédit et recel dans les années 90

• Revenu Canada et le Procureur général du Québec lui ont confisqué 138 000$ en mai 2012

• De Gregorio, qui se dit pizzaman, a suivi des cours de cuisine en Italie