Les menaces et les obscénités lancées par le cyberprédateur Philippe Truchon auprès de ses victimes adolescentes n'avaient pas de limite. Il tentait de les séduire, puis tenait des propos extrêmement vulgaires et menaçait finalement de les agresser sexuellement, voire de les kidnapper. Ce sadique sexuel devrait être déclaré délinquant à contrôler pour la période maximale de 10 ans, conclut un psychiatre.

L'homme de 37 ans a plaidé coupable en juillet dernier à 12 chefs d'accusation de leurre informatique, de menaces et de harcèlement criminel sur cinq adolescentes âgées de 14 à 17 ans. Il abordait ses victimes sur les réseaux sociaux en se faisant passer pour un propriétaire d'un bar ou d'un magasin de vêtements. Son modus operandi était le même qu'en 2010, alors qu'il avait reçu une peine de trois ans de pénitencier pour avoir leurré 286 victimes mineures.

La procureure de la Couronne Roxane Laporte a réclamé vendredi de le déclarer délinquant à contrôler et de lui imposer une peine d'emprisonnement de cinq ans, suivie d'une surveillance prolongée de 10 ans. Selon la poursuite, Philippe Truchon présente un « risque élevé de récidive » à sa sortie de prison et n'a ni remords ni démarche de « réhabilitation ».

Le psychiatre de l'Institut Philippe-Pinel Alexandre Dumais a conclu dans un rapport d'évaluation demandé par la poursuite que l'accusé souffre fort probablement de « sadisme sexuel » et d'un « trouble de la personnalité mixte avec traits narcissiques et antisociaux ». L'accusé présente aussi des « traits de mensonge pathologique et de la manipulation » et ne « ressent aucun remords lorsqu'il passe à l'acte des leurres informatiques », ajoute le psychiatre. On apprend dans son rapport que Philippe Truchon a commencé à cibler les adolescentes sur les réseaux sociaux à la suite de son congédiement de Postes Canada. Il y a été facteur pendant huit ans.

Un sommaire de l'enquête policière déposé en cour vendredi lève le voile sur les immondes tactiques du cyberprédateur pour piéger ses victimes sur les réseaux sociaux. Quand celles-ci flairaient l'arnaque, il devenait agressif et les traitait de tous les noms. Une victime a même reçu un appel où Philippe Truchon lui a dit qu'il viendrait « la chercher de force ».

Une victime de 15 ans a repoussé ses avances sur Facebook puisqu'il était trop vieux. Ce dernier prétendait alors avoir une « ex » de 12 ans pour l'amadouer. Courroucé, Philippe Truchon l'a ensuite menacée de l'agresser sexuellement la semaine suivante et de la forcer à se prostituer.

Le cyberprédateur a menacé de séquestrer une victime pendant un mois et de la droguer jusqu'à ce qu'elle devienne « accro » à la coke ou à l'héroïne. Il la traitait de tous les noms et lui disait être en train d'agresser sexuellement une de ses amies pendant leur discussion.

Les parties reviendront en cour le 11 janvier. La défense ne s'est pas encore prononcée sur les conclusions du psychiatre.