Le procès d'un résidant de L'Île-Bizard accusé d'avoir importé 94 kg de cocaïne saisis en 2013 à la suite d'une enquête de la Division du crime organisé du SPVM baptisée Abri s'est ouvert au début de la semaine.

Soninder Dhingra, 44 ans, est accusé de complot et d'importation de drogue.

La cocaïne a été découverte le 13 novembre 2013 après que les enquêteurs, qui filaient un autre individu, eurent observé la manipulation de sacs dans le stationnement d'un magasin à grande surface.

Selon la poursuite, la drogue avait auparavant été transportée par Dhingra et une coaccusée, Jenny Lacoursière, et venait de traverser la frontière américaine. Les deux se suivaient dans deux véhicules et sont passés à la guérite de l'ex-douanière Stéfanie McClelland, arrêtée pour une autre affaire concernant 182 kg de cocaïne saisis à la douane de Saint-Bernard-de-Lacolle en décembre 2014. McClelland a été reconnue coupable d'importation de drogue et de corruption par un jury et condamnée à 11 ans de pénitencier en juin dernier.

C'est aussi dans le cadre de l'enquête Abri que les enquêteurs ont arrêté Richard Desrosiers, ancien voleur de banque devenu un exemple de réhabilitation, qui aidait les détenus et était vu régulièrement au palais de justice de Montréal. Cette rechute a valu sept ans de pénitencier supplémentaires à Desrosiers qui a toutefois de nouveau obtenu sa liberté et donne actuellement des conférences.

L'OMBRE DE LA MAFIA

D'autres individus ont été arrêtés et accusés dans le cadre du projet Abri, mais Dhingra est le seul dont le dossier n'est pas encore réglé. Outre les 100 kg de cocaïne, 15 kg de méthamphétamine en cristaux (crystal meth) ont été saisis.

Dans sa déclaration d'ouverture, la procureure de la Couronne a dit pouvoir démontrer que l'accusé et Jenny Lacoursière se sont rendus aux États-Unis le 12 novembre 2013, qu'ils sont revenus le lendemain et se sont alors rendus directement dans le stationnement du magasin à grande surface, analyse du GPS de la Kia de la jeune femme à l'appui. La procureure a également déclaré pouvoir démontrer un échange de communications entre Dhingra, Jenny Lacoursière et Stéfanie McClelland.

Un soir où les policiers observaient la maison de Dhingra, ils ont vu deux femmes sortir de la résidence et les ont interceptées. Dans un sac que l'une d'elles transportait, ils ont trouvé 149 000 $ en argent et cinq plaquettes d'or.

Un policier a témoigné sur une perquisition effectuée dans une cache présumée de drogue dans un immeuble de la rue Agnès à Montréal et déposé plusieurs photos. Sur un cliché de feuilles de comptabilité et de contacts, on peut lire le nom de Marco Pizzi, considéré par la police comme un importateur de cocaïne lié à la mafia montréalaise.

La défense s'est toutefois opposée à toute allusion au crime organisé et la juge Flavia K. Longo de la Cour du Québec a retenu son objection.

À l'origine, Jenny Lacoursière devait témoigner au procès, mais la poursuite a annoncé qu'elle avait des problèmes de santé et obtenu un billet du médecin pour lui éviter d'avoir à le faire. Si tel était le cas, la poursuite a annoncé son intention de déposer le témoignage que la femme a fait lors de l'enquête préliminaire, ce qui a fait bondir l'avocate de la défense, Me Debora De Thomasis.

La criminaliste affirme que Jenny Lacoursière n'était pas en état de témoigner à l'enquête préliminaire, qu'elle a dit ce que les policiers voulaient bien entendre et qu'elle a négocié avec la poursuite pour obtenir une réduction de peine. Me De Thomasis a également soulevé des doutes quant au nombre de sacs suivis par les policiers et la chaîne de possession de ceux-ci. Le procès, qui doit durer une huitaine de jours, se poursuivra la semaine prochaine.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.