Air Transat, le service de police et l'aéroport d'Ottawa ne porteront pas d'accusations contre le passager ayant composé le 911 dans un appareil immobilisé plusieurs heures lundi soir, a appris La Presse. Son appel « n'était pas inutile », ont affirmé les autorités. La nouvelle a été accueillie avec soulagement par cet employé de la fonction publique, un dossier criminel ayant pu lui faire perdre son travail.

Lundi soir, ce père de famille de 42 ans compose le 911 pour des raisons de sécurité. Avec sa femme et ses trois filles adolescentes, il se trouve parmi les 336 passagers coincés dans un Airbus 330. L'appareil est cloué au sol depuis plus de cinq heures. Sans climatisation, éclairé aux veilleuses, il sent la tension monter dans l'habitacle.

Des passagers sont incommodés. D'autres, exaspérés. La plupart se sentent dépourvus. Avant que le pire ne survienne, il appelle les secours. Quand les policiers, les pompiers et les ambulanciers débarquent, il est interrogé. On lui laisse entendre qu'il pourrait avoir des problèmes pour avoir fait déplacer les secouristes.

Un appel utile 

Après une enquête interne, le service de police d'Ottawa a décidé de ne pas porter plainte contre M. Jetté. « Il n'a pas posé de geste criminel, dit l'agent Charles Benoit. Nous avons conclu que son appel n'était pas inutile. »

En fait, précise-t-il, le geste a été posé de bonne foi par M. Jetté face à la détresse qu'il constatait. « Quand on est arrivés, on va vu que les gens étaient dans l'avion depuis longtemps, dit M. Benoit. Je pense même qu'une couple de personnes ont été soignées sur place. » 

L'agent rappelle toutefois que les policiers n'ont pas l'habitude de répondre à des appels d'urgence de passagers d'avion.

Un grand soulagement 

L'aéroport d'Ottawa n'a pas l'intention, non plus, de porter des accusations contre l'auteur de l'appel au 911, confirme Krista Kealy, vice-présidente communications et affaires publiques.

« Je me sens soulagé et je vais arrêter de penser à ce retour catastrophique, dit Marc Jetté. Je vais me concentrer sur le positif en pensant à notre voyage, probablement le plus beau de ma vie. » Avec sa femme et ses filles, il arrivait du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la Belgique. À partir de Bruxelles, le vol TS157 d'Air Transat devait les ramener à Montréal.

Pas de commentaires 

Mercredi dernier, le service des communications de Transat disait poursuivre son enquête. Hier matin, il n'était pas plus loquace. Est-ce que M. Jetté pourrait être incriminé ? Air Transat a-t-elle toujours l'intention de donner suite à l'affaire ? En réponse à ces questions transmises par courriel, La Presse a reçu un communiqué.

« Air Transat accueille favorablement l'enquête de l'Office des transports du Canada », pouvait-on lire. « Nous ne commenterons pas davantage. » Cette enquête portera sur les circonstances entourant les retards de deux vols de Transat, lundi soir.

Aucune action 

Puis, à l'heure du lunch, La Presse a reçu un autre courriel d'Air Transat. « Nous confirmons que nous ne prendrons aucune action et n'avons jamais eu l'intention de déposer une accusation contre M. Jetté. »

Le principal intéressé s'en réjouit. « En fin de compte, je me dis que j'ai fait le bon geste, dit-il. Et que, si c'était à refaire, je ferais la même chose. »

Marc Jetté offre aussi un conseil. « Si quelqu'un constate une situation qui n'a pas de bon sens, il ne doit pas hésiter, ajoute-t-il. Mais ce n'est pas toujours facile de tracer la ligne. Il faut y aller avec notre jugement et avec ce que l'on ressent. »

Photo Edouard Plante-Fréchette, archives La Presse

Un Airbus 330 d'Air Transat est resté cloué au sol plus de cinq heures, lundi soir, à Ottawa.