Déclarée coupable en juin 2013 des meurtres prémédités de ses deux enfants, Adèle Sorella demande à obtenir un nouveau procès. Les avocats de la défense et du ministère public ont fait valoir leurs arguments respectifs devant la Cour d'appel, lundi.

L'interrogatoire policier filmé de Mme Sorella a été au coeur des représentations des parties. La défense estime que cet interrogatoire de 4 heures n'aurait pas dû être admis en preuve, car la femme a manifesté plus de 90 fois son désir de ne pas parler et retourner dans sa cellule.

Par ailleurs, elle venait d'avoir un accident de voiture était sous le choc et pas dans un état normal. Selon Me Pierre Poupart, le visionnement de la vidéo crée «un malaise qui va en s'accentuant.» La femme n'a pas prononcé de paroles incriminantes, mais selon lui, son attitude non verbale a été utilisée contre elle. L'avocat évalue qu'elle a ainsi été «conscrite contre elle-même.»

«Elle n'a pas été maltraitée physiquement, elle a été privée de sa dignité», a-t-il dit.

Du côté de la Couronne, Me Louis-Charles Bal, a fait valoir que la vidéo était une preuve très pertinente, qui a été utilisée à bon escient, d'autant plus que le cheval de bataille de la défense était le fait que Mme Sorella était une mère aimante.

La juge du procès avait estimé que la déclaration de Mme Sorella avait été donnée de façon libre et volontaire. «Si la déclaration est libre et volontaire, il n'y a pas de violation de droit au silence. Ils vivent ensemble ou meurent ensemble», a soutenu Me Bal, qui était accompagné de Me Louis Bouthillier, une des procureurs qui officiait au procès de Mme Sorella.

Rappelons que les deux filles de Mme Sorella ont été trouvées mortes côte à côte, dans la luxueuse demeure familiale de Laval, l'après-midi du 31 mars 2009. La cause de la mort des fillettes de 8 et 9 ans n'a jamais été trouvée, mais le ministère public privilégie la thèse de l'asphyxie dans une chambre hyperbare. Cet appareil destiné à traiter certains problèmes de santé se trouvait dans la demeure.

Les juges de la Cour d'appel Martin Vauclair, Nicholas Kasirer et Marie-Renée Hogue ont pris l'affaire en délibéré et rendront leur décision ultérieurement.