Un infirmier de Montréal est soupçonné par son ordre professionnel d'avoir eu des relations sexuelles avec au moins cinq patientes alors qu'il travaillait en psychiatrie à l'hôpital Notre-Dame et au pavillon Albert-Prévost, entre 2012 et juin dernier.

Marouane Jerraf vient de perdre son droit de pratique de façon immédiate et provisoire, en attendant que le fond de l'affaire soit examiné. Les faits qui lui sont reprochés sont « d'une gravité innommable », écrit le conseil de discipline de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

« Les inconduites reprochées à l'égard des clientes sont répétitives, perdurent depuis quelques années et elles se sont produites dans deux établissements de santé », ajoute la décision.

Cinq femmes ont relaté à l'Ordre avoir eu des relations sexuelles avec Jerraf, certaines à l'hôpital, d'autres à domicile. Toutes étaient ses patientes au moment des faits ou avant. Une sixième femme a assuré avoir fait l'objet d'avances de la part de l'infirmier.

Une patiente du service de psychiatrie a ainsi affirmé « que le 10 juin 2016, lorsqu'un préposé aux bénéficiaires est entré dans la chambre sans frapper à la porte, elle et l'intimé [Jerraf] étaient en train de poser un acte à caractère sexuel » à l'hôpital Notre-Dame, rapporte la décision.

Une autre femme a affirmé que l'infirmier lui a indiqué « qu'il écrirait de "belles notes" dans son dossier pour qu'elle puisse sortir de l'hôpital » au cours d'une période où les deux avaient des relations sexuelles.

En cours d'enquête, M. Jerraf « a admis avoir embrassé » une patiente « dans les toilettes » du pavillon Albert-Prévost, dans le nord de l'île de Montréal, écrit le conseil de discipline.

Toutefois, le jeune homme a nié la plupart des accusations. « Plusieurs des clientes mentionnées dans les chefs sont des manipulatrices, elles font du clivage. Elles veulent attirer l'attention et elles ont chacune un lourd dossier psychiatrique », a-t-il plaidé.

La Presse n'a pas été en mesure de le joindre. Il n'est pas représenté par un avocat.

Au CHUM, dont fait partie l'hôpital Notre-Dame, la porte-parole Irène Marcheterre a indiqué que l'établissement avait pris toutes les mesures nécessaires en temps opportun.

« On a été informés de la situation le 10 juin dernier. Dès que nous avons été informés, nous l'avons suspendu », a-t-elle indiqué. « Nous avons fait deux plaintes : une à l'Ordre, une à la police. » Jerraf a été officiellement licencié du CHUM le 30 juin.

Du côté du pavillon Albert-Prévost, qui fait partie de l'hôpital Sacré-Coeur, le porte-parole Hugo Larouche a aussi défendu l'action de son établissement.

« Monsieur ne travaille plus chez nous depuis 2015. On accueille favorablement la décision, surtout que c'est nous qui l'avions signalé à l'Ordre des infirmières », a-t-il dit en entrevue téléphonique.