Devant les abus inquiétants de la police, une commission parlementaire devrait mettre en lumière leurs interventions récentes auprès des journalistes estime l'ancien député libéral et ex-bâtonnier du Québec, Gilles Ouimet.

« Il me semble que c'est un sujet qui ébranle les fondements de notre démocratie. C'est l'interaction entre deux piliers de notre démocratie, les forces policières et la capacité de mener des enquêtes criminelles efficaces et les sources journalistiques, la liberté de presse tout aussi fondamentale » observe l'ancien bâtonnier du Québec, député libéral de 2012 à 2015 à l'Assemblée nationale.

Pour lui, la situation de Patrick Lagacé « est très inquiétante ». « Quand on voit que des policiers peuvent mettre sous écoute ou retracer les appels d'un journaliste. Quand on a les numéros de téléphones avec qui on communique, cela commence à être une atteinte importante », observe-t-il. Il y a des directives du Directeur des poursuites pénales, « mais il semble y avoir une certaine facilité de la part des policiers à se pencher sur les activités des journalistes. Cela m'interpelle grandement ».

«Uniquement à La Presse, il y a des dizaines de journalistes professionnels qui ont des raisons concrètes de s'inquiéter des agissements du SPVM, a affirmé le président du Syndicat des travailleurs de l'information de La Presse (STIP), Charles Côté, par voie de communiqué. Et je suis certain que le sentiment est partagé dans tous les médias ce matin. »

Me Ouimet avait déjà lancé cette idée dès 2014, quand il présidait la Commission des institutions. Patrick Lagacé avait alors été rencontré par des enquêteurs de la SQ, dans l'affaire Ian Davidson. Cet ancien policier du SPVM avait tenté de vendre une liste d'informateurs à la mafia. « Ils avaient rencontré Lagacé, ce sont de bonnes vieilles tactiques de policiers », a dit Me Ouimet qui a déjà travaillé pour la défense et la Couronne.

Sans avoir vu les mandats, Me Ouimet reste prudent toutefois sur leur pertinence et la décision d'un juge de renouveler 24 fois le mandat de surveillance demandé par le SPVM.