Claude Aubertin, qui a été à la tête de Gymnastique Canada et de Gymnastique Québec, avait déjà été condamné en 1992 dans un dossier de prostitution juvénile, a appris La Presse.

La nouvelle est tombée au beau milieu des Championnats canadiens de gymnastique : l'ex-président des fédérations québécoise et canadienne de gymnastique a été accusé de possession et distribution de pornographie juvénile. L'homme n'a jamais eu de contacts privilégiés avec les enfants, assurent les fédérations sportives, qui enquêteront toutefois pour s'assurer qu'il n'a pas fait de victimes.

« C'est le choc total », a confié le directeur général de Gymnastique Québec, Serge Castonguay.

Pourtant, ce n'est pas la première fois que Claude Aubertin, 77 ans, qui a oeuvré dans le monde de la gym durant 40 ans, fait l'objet d'accusations de cette nature. La Presse a découvert que l'homme avait été condamné en 1992 à une peine avec sursis de deux ans de prison dans un dossier de prostitution juvénile. C'était avant d'être élu à la tête de Gymnastique Canada et de Gymnastique Québec. Les fédérations affirment qu'à l'époque, elles n'étaient au courant de rien.

« On ne savait pas. À cette époque-là, il n'y avait pas de contrôle des antécédents », dit Serge Castonguay. En conséquence, non seulement M. Aubertin a pu continuer à évoluer dans le monde du sport, mais il a même accédé à ses plus hautes sphères en présidant Gymnastique Canada en 2003 et Gymnastique Québec jusqu'en 2013, malgré ses antécédents criminels.

Ce n'est que cette semaine, lorsque Claude Aubertin a été arrêté par l'Équipe d'enquêtes sur l'exploitation sexuelle des enfants sur Internet de la Sûreté du Québec, que ses collègues ont tout découvert.

« On n'a jamais vu venir le train. On n'aurait jamais pu imaginer. »

- Serge Castonguay, directeur général de Gymnastique Québec

La Presse a joint M. Castonguay à Edmonton pendant les Championnats canadiens, où la nouvelle a eu l'effet d'une bombe. 

« C'était un monsieur qui était très bien connu partout au Canada », ajoute-il. 

Hier, le septuagénaire a été formellement accusé de possession et distribution de pornographie juvénile et d'avoir accédé à de la pornographie juvénile, devant un juge du palais de justice de Saint-Jérôme.

Les policiers ont saisi du matériel informatique lors d'une perquisition menée plus tôt cette semaine chez lui à Val-des-Lacs, dans les Laurentides.

Il demeurera détenu au moins jusqu'à mercredi, jour de sa prochaine comparution devant un juge.

PAS « EN CONTACT DIRECT AVEC LES ATHLÈTES »

Claude Aubertin a été immédiatement suspendu de ses fonctions à Gymnastique Québec et Gymnastique Canada, ou il siégeait toujours comme administrateur.

« Il n'a jamais été en contact direct avec les athlètes », assure M. Castonguay, qui précise que des vérifications seront tout de même effectuées pour s'assurer qu'il n'a pas eu de comportement déplacé avec des gymnastes.

« Nous sommes évidemment bouleversés et attristés par la nouvelle et coopérons pleinement avec l'enquête policière en cours. »

- Richard Crépin, président du conseil d'administration de Gymnastique Canada, par voie de communiqué

Précisons que le suspect n'a été ni entraîneur ni officiel, mais bien administrateur.

« Ses enfants faisaient de la gymnastique. Il s'est impliqué comme parent, puis comme administrateur », explique M. Castonguay.

M. Aubertin a d'ailleurs siégé au conseil d'administration de plusieurs équipes en tant que bénévole à l'époque où ses enfants s'y entraînaient, notamment au club IMCO du Plateau Mont-Royal, aujourd'hui connu sous le nom de club de gymnastique du Centre Père Sablon. Il siégeait toujours au conseil d'administration au milieu des années 2000, même si ses enfants étaient depuis longtemps adultes.

« Il n'a jamais été en contact direct avec nos athlètes et il ne s'est pas trouvé seul avec eux dans nos locaux », assure la directrice des opérations du Centre Père Sablon, Yolaine Rousseau.

Claude Aubertin sera de retour devant le tribunal la semaine prochaine.