Un homme d'affaires controversé d'origine haïtienne qui avait profité du séisme de 2010 pour s'évader de prison vient d'être de nouveau arrêté pour son rôle présumé dans un système d'importation de cocaïne.

Selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Dejean Victor a organisé le passage de mules transportant d'importantes quantités de drogue des Antilles vers le Canada. L'homme de 58 ans fait face à des accusations d'importation de cocaïne, tout comme Merlande Dont, sa conjointe, soupçonnée d'être son associée.

M. Victor est bien connu des Haïtiens de Montréal en tant que propriétaire du complexe communautaire Cristina, qui compte un restaurant et des salles à louer.

«Eux ne prenaient pas le risque. Ils ne passaient rien eux-mêmes, c'étaient les passeurs [qui faisaient le travail], a expliqué Camille Habel, porte-parole de la GRC. Des liens pouvaient être établis lorsque des passeurs étaient arrêtés.»

Dans les derniers mois, les policiers fédéraux ont mis la main au collet de trois mules qu'aurait utilisées le duo. Toutes sont des citoyens canadiens majeurs, a précisé la GRC.

En Haïti, la drogue était dissimulée de différentes façons sur les mules. Dans au moins un cas, de bonnes quantités de cocaïne ont été placées dans des pochettes cousues sur une gaine amaigrissante.

Évasion en Haïti

Dejean Victor avait fait les manchettes en 2010 après avoir été repéré au Québec quelques semaines après s'être évadé de la prison haïtienne où il attendait un procès pour trafic de drogues. Fin 2009, il avait été arrêté à l'aéroport de Port-au-Prince juste avant de s'embarquer à destination de Montréal. Un total de 2,35 kilos de cocaïne avaient été trouvés dans ses bagages et ceux de son frère.

La prison où il était détenu avait été durement endommagée par le tremblement de terre meurtrier du 12 janvier 2010. Des centaines de détenus en avaient profité pour filer à l'anglaise.

En 2012, une Québécoise emprisonnée à Port-au-Prince avait directement montré du doigt M. Victor comme responsable de sa situation. Francine Desormeaux avait assuré à La Presse que l'homme d'affaires et sa conjointe lui avaient demandé de porter un vêtement sur lequel étaient cousues des poches de tissu. Elle croyait que des objets vaudou s'y trouvaient. C'était plutôt de la cocaïne.

Francine Desormeaux a été condamnée à 15 ans de prison, mais a été rapatriée l'an dernier.