Un ex-directeur du Collège Saint-Hilaire, le Collège lui-même et la congrégation des Frères de Notre-Dame de Miséricorde sont visés par une requête en autorisation de recours collectif liée à des agressions sexuelles commises à l'endroit d'un ancien élève du Collège dans les années 1980.

L'ex-directeur, le frère Jean-Paul Thibault, a été arrêté le 17 mars dernier et a comparu le lendemain à Saint-Hyacinthe sous des accusations criminelles d'agression sexuelle, d'attentat à la pudeur, d'incitation à des contacts sexuels et d'attouchements alors qu'il était en position d'autorité.

La demande d'autoriser un recours collectif a ensuite été déposée le 20 mars en Cour supérieure par la présumée victime et vise les mêmes gestes, qui auraient été posés à partir de 1982, lorsque le requérant n'était âgé que de 12 ans, et qui auraient duré quelques années.

Selon la requête, le jeune adolescent avait d'abord été invité par le directeur dans le petit magasin du Collège, le soir, où le religieux se serait éventuellement livré à des attouchements, puis des masturbations et des fellations au fil du temps.

Le frère Thibault aurait également emmené le jeune garçon en camping, en ski et au monastère de la congrégation au Lac-Sergent dans Portneuf, entre autres, et l'aurait aussi enivré à quelques reprises, l'agressant sexuellement à chaque occasion.

La victime, aujourd'hui âgée de 44 ans, dont l'identité est protégée par la Cour, réclame 350 000 $ en dommages et 500 000 $ en dommages punitifs et exemplaires.

«Avec les autres causes similaires, on a appris comment ils sont affectés, comment ils se sentent coupables, comment ils se sentent responsables des agressions dont ils ont été victimes. Ils ont honte et ont beaucoup de difficulté dans la vie par la suite», a expliqué l'avocat qui pilote le recours, Me Robert Kugler, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Me Kugler, dont le cabinet Kugler et Kandestin a mené à bon port l'an dernier le recours collectif contre les frères Rédemptoristes du Séminaire Saint-Alphonse, à Sainte-Anne-de-Beaupré, a dit s'attendre à voir de nombreuses autres victimes sortir de l'ombre, une fois l'affaire médiatisée.

«M. Thibault a été directeur de l'école pendant à peu près 20 ans, sinon plus, et il a agressé le requérant alors qu'il avait 12 ans. Selon l'expert que nous avons engagé, c'est fort probable qu'il ait agressé plusieurs autres victimes, plusieurs autres mineurs et c'est exactement ce que les policiers pensent aussi», a dit l'avocat.

Se référant à l'expertise médicolégale d'un psychologue déposée en preuve au dossier, Me Kugler a fait valoir que le profil de l'accusé laissait entrevoir cette possibilité, d'autant plus que le requérant n'aurait pas été le seul à avoir été invité au petit magasin où il aurait initialement été agressé.

«Le requérant a vu que le frère Thibault a invité d'autres enfants à cet endroit. Notre expert est d'avis que, en toute probabilité, il y avait beaucoup de victimes. C'est la personnalité d'un tel agresseur. Combien de victimes? Difficile de le savoir, mais s'il était directeur pendant 20 ans, on s'attend à ce qu'il y en ait beaucoup», a-t-il dit.

Il a rappelé que, dans le dossier des Rédemptoristes, la requête était également partie d'un seul requérant avant de finalement faire boule de neige.

«Quand le recours collectif a été intenté, qu'il y a eu une couverture médiatique et l'arrestation d'un des abuseurs, plusieurs sont alors venus de l'avant pour aviser qu'ils avaient été victimes aussi d'agression sexuelle. Nous avons été contactés par entre 75 et 100 victimes», a rappelé Me Kugler.

Les Rédemptoristes ont accepté, en août dernier, de verser 20 millions de dollars aux requérants d'un recours collectif pour des agressions sexuelles commises entre 1960 et 1987 au Séminaire Saint-Alphonse, soit le plus important montant jamais versé au Québec dans un dossier d'agressions sexuelles.