Un pédophile décrit comme une véritable bombe à retardement par les spécialistes qui l'ont évalué aurait fait une nouvelle petite victime à Montréal. Le délinquant sexuel Steve Hurdle faisait pourtant l'objet d'une surveillance étroite des autorités depuis sa sortie de prison. Il portait encore l'étiquette de délinquant à contrôler. Cela ne l'aurait pas empêché de récidiver.

Le pédophile de 34 ans a fait la manchette il y a neuf ans après avoir agressé une fillette de trois ans choisie au hasard dans un centre commercial de Sherbrooke. Il était déjà connu à l'époque pour avoir agressé des adolescentes dans la région de Granby. Cette fois-ci, il est soupçonné d'avoir enlevé, séquestré puis agressé une fillette de 5 ans dans le vestiaire d'une piscine publique de Montréal.

À Sherbrooke, il avait agressé sexuellement une enfant au détour d'une rangée d'un magasin Dollarama alors que la petite avait échappé à la surveillance de sa mère. Il avait alors écopé d'une peine de quatre ans et huit mois de prison en plus d'être déclaré délinquant à contrôler pour une période de sept ans.

Au moment de commettre ce crime sordide, il venait à peine d'être condamné à une peine de 60 jours pour action indécente et il était en pleine thérapie spécialisée en délinquance sexuelle.

Depuis, Hurdle a multiplié les cas de non-respect des conditions si bien qu'il est toujours sous le coup de l'ordonnance de surveillance de longue durée.

Le 11 juillet dernier, une mère de famille accompagnait ses enfants à un cours de natation d'une piscine intérieure du nord de Montréal. La mère attendait deux d'entre eux dans une salle réservée aux parents tout en s'occupant du plus jeune. Or, sa fillette de 5 ans mettait du temps à revenir du vestiaire après le cours.

Lorsque la petite a finalement rejoint sa mère, elle semblait troublée. Elle lui aurait dit: «Un monsieur a mis quelque chose dans mes fesses.» La mère a immédiatement alerté la police.

Caméra de surveillance

Selon la théorie de la Couronne, Hurdle aurait attendu la fillette à sa sortie de la piscine; il lui aurait pris la main pour qu'elle le suive dans le vestiaire des hommes en prétextant qu'il l'aiderait à attacher ses souliers. Il aurait alors verrouillé la porte, puis l'aurait agressée sexuellement avant de la laisser partir.

La petite n'a pas été en mesure de décrire son agresseur, mais une caméra de surveillance a capté des images de l'homme sortant de l'établissement. Une agente correctionnelle qui travaille au centre carcéral communautaire où a été envoyé Hurdle à sa sortie de prison l'aurait reconnu sur les images.

Des vêtements correspondant à ceux portés par l'individu le jour de l'agression ont ensuite été saisis dans la chambre du délinquant sexuel.

Arrêté le 16 juillet, Hurdle fait face à quatre chefs d'accusation d'enlèvement, de séquestration, de contact sexuel et d'agression sexuelle.

Il était de retour en cour, vendredi, alors qu'il demandait d'être libéré sous condition d'ici à son procès.

Le juge Denis Mondor a rapidement coupé court à son espoir d'être mis en liberté. La procureure de la Couronne, Sylvie Lemieux, a juste eu le temps de résumer sa preuve. Le magistrat n'a pas eu besoin de l'entendre plaider davantage. De son côté, l'avocat de la défense, Me Younes Ameur, a plaidé que son client serait bien encadré s'il retournait vivre au centre carcéral communautaire, avant de se faire interrompre.

«C'est la protection du public, la protection de la victime et aussi l'accusé qui doit être protégé de lui-même [dont on parle ici]. Je ne peux pas prendre le risque de le libérer», a lancé le juge Mondor d'un ton sans appel. Le magistrat a qualifié «d'inquiétant» les nombreux cas de non-respect de conditions de l'accusé.

Signes avant-coureurs

«Pronostic sombre», «risque élevé de récidive malgré les programmes et thérapies suivis», «dangerosité élevée»: les mots employés par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) dans sa décision rendue à l'endroit du délinquant en mars dernier faisaient déjà craindre le pire.

Les commissaires n'étaient pas les seuls à être inquiets, découvre-t-on dans cette décision. Lorsque Hurdle est venu s'établir à Montréal après sa sortie de prison, la Division des agressions sexuelles de la police de Montréal a déployé une équipe de surveillance pour suivre ses déplacements pendant un certain temps.

Les policiers l'ont alors observé sur les lieux d'un spectacle de marionnettes auquel des enfants assistaient. Ils l'ont aussi vu en train de discuter durant au moins cinq minutes avec une fillette de 4 ans qui était sa voisine de balcon.

«Vous êtes un individu peu fiable et peu crédible. Pour s'en convaincre, il suffit de se référer aux périodes de mise en liberté conditionnelle où vous avez à plusieurs reprises dérogé à vos conditions spéciales, particulièrement en lien avec votre déviance sexuelle et au peu de collaboration que vous avez offerte aux intervenants», affirmait la CLCC.

Libéré d'office, Hurdle s'était alors vu imposer des conditions spéciales pour la fin de sa peine de délinquant à contrôler, prévue en septembre 2015. Il devait respecter un couvre-feu, éviter de se trouver seul en présence d'un enfant en plus de compléter une nouvelle thérapie.

«Malgré les programmes et thérapies auxquels vous avez participé, vous présentez toujours un risque élevé de récidive dans des délits sexuels à l'encontre de jeunes enfants. Votre dangerosité est également considérée par les professionnels comme étant élevée. Un encadrement serré et structuré est toujours nécessaire afin de mieux protéger le public contre le risque de récidive dans des délits à connotation sexuelle à l'égard de jeunes enfants que vous présentez», avaient précisé les commissaires.

Ses comportements sexuels déviants auraient débuté à l'adolescence par des actes de voyeurisme et d'exhibitionnisme. Hurdle a plaidé non coupable aux accusations qui pèsent contre lui. Il reviendra en cour le 10 septembre.