Même si elle a demandé de purger sa peine en entier, affirmant regretter le tort causé à son ex-petit ami et vedette du poker Jonathan Duhamel, Bianca Rojas-Latraverse devra se résigner à quitter la prison. La Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) dit n'avoir d'autre choix que de la libérer d'office aux deux tiers de sa peine.

La femme de 22 ans purge une peine de 42 mois de prison pour avoir organisé, le 21 décembre 2011, une brutale agression contre Duhamel. En plus d'avoir été tabassé chez lui par les complices de la jeune femme, Anthony Bourque et John Stephan Clark Lemay, Duhamel a été soulagé de 100 000 $ se trouvant dans un coffre-fort, d'un bracelet en or de champion de poker valant 40 000 $ et d'une montre Rolex.

Bianca Rojas-Latraverse était de passage mardi dernier devant la CNLC. Elle devait y demander sa mise en liberté conditionnelle.

Mais contre toute attente, elle a annoncé en début d'audience qu'elle était repentante et que c'était bien la moindre des choses pour sa victime qu'elle purge sa peine en entier.

Dans son rapport d'audience rédigé quelques heures plus tard, la commissaire Anne-Marie Asselin annonce à la jeune détenue qu'elle sera malgré tout mise en liberté sous peu, soit aux deux tiers de sa peine.

C'est ce qu'on appelle la libération d'office, accordée à la quasi-totalité des détenus à ce stade de leur peine.

«Malgré votre renonciation, les dispositions de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition font en sorte que vous devrez être mise en liberté sous surveillance à la date fixée et le demeurer jusqu'à l'expiration légale de votre peine», écrit la commissaire.

VENGEANCE

Le risque de récidive de Bianca Rojas-Latraverse est considéré comme modéré, mais faible en ce qui concerne les crimes contre la personne.

Le rapport de la CNLC analyse le parcours et la personnalité de la jeune femme. Il précise que c'est par vengeance, s'étant sentie rejetée et manipulée par lui, qu'elle a organisé l'agression contre Duhamel.

Avant ce crime, elle avait déjà été condamnée à des travaux communautaires pour avoir volé la voiture de son grand-père et l'avoir conduite dangereusement. Elle n'avait jamais effectué les travaux.

«Les principaux facteurs identifiés comme ayant contribué à votre comportement criminel sont une gestion déficiente de vos émotions, des valeurs laxistes et criminelles, un manque de conscience sociale et des fréquentations délinquantes, l'oisiveté, une immaturité affective importante et l'appât du gain facile», dit la commissaire.

Elle ajoute que la jeune femme a durement vécu l'abandon par son père dans sa jeunesse et s'est sentie rejetée par sa mère.

DÉTENTION MOUVEMENTÉE

Son comportement en détention n'a pas été exemplaire.

«Vous cumulez cinq rapports d'infractions mineures à votre dossier carcéral et des incidents qui vous impliquent directement, notamment des voies de fait contre des codétenues», précise le rapport.

La jeune femme aurait cependant manifesté de l'intérêt pour les divers programmes servant à surmonter ses problèmes. Toutefois, il lui reste beaucoup de travail à faire, note la CNLC.

En conséquence, après sa libération, elle devra s'abstenir de fréquenter des pairs criminels et devra s'impliquer dans un suivi psychologique. Elle devra aussi retourner aux études ou trouver un emploi stable.

«L'oisiveté est mauvaise conseillère dans votre cas», croit la commissaire Asselin.



QU'EST-CE QUE LA LIBÉRATION D'OFFICE?

La loi exige que les délinquants sous responsabilité fédérale condamnés à une peine d'emprisonnement d'une durée déterminée soient mis en liberté, sous surveillance, quand ils ont purgé les deux tiers de leur peine. C'est ce qu'on appelle la «libération d'office».

La libération d'office ne met pas fin à la peine des délinquants. C'est plutôt que les délinquants purgent le reste de leur peine dans la collectivité. Ils doivent se présenter régulièrement à un agent de libération conditionnelle du Service correctionnel du Canada (SCC) et respecter des conditions. La période de liberté d'office permet aux délinquants de passer un certain temps sous surveillance dans la collectivité avant la fin de leur peine pour préparer leur retour dans la société comme citoyens respectueux des lois. Les délinquants condamnés à l'emprisonnement à perpétuité n'ont pas droit à la libération d'office.

Un délinquant peut être maintenu en incarcération si la Commission des libérations conditionnelles a des motifs raisonnables de croire qu'il commettra, avant l'expiration de sa peine, une infraction causant la mort ou un dommage grave à une autre personne, une infraction sexuelle à l'égard d'un enfant ou une infraction grave en matière de drogue.

Source : Site web de la Commission nationale des libérations conditionnelles