En prison, le caïd Raynald Desjardins dispose d'un bureau privé, avec ordinateur et imprimante, pour étudier la preuve réunie contre lui et ses coaccusés dans l'affaire du meurtre de Salvatore Montagna. Mais il travaillerait plus efficacement et avec plus de confiance s'il avait son propre ordinateur portable dans sa cellule.

«Il y a 1 403 433 fichiers. Là, j'imprime et j'annote sur papier. Je ne mettrai pas de notes de ma défense dans l'ordinateur des Services correctionnels... ce qui me cause de très grands problèmes», a fait valoir M. Desjardins alors qu'il témoignait en Cour supérieure, mardi, pour étoffer sa requête afin d'obtenir le droit d'avoir un portable dans sa cellule.

La direction de l'établissement de détention de Montréal - communément appelé prison de Bordeaux - où M. Desjardins est détenu préventivement est contre. Les ordinateurs portables, ce sont des soucis de sécurité supplémentaires et des coûts additionnels, a expliqué le directeur, François Landreville.

Actuellement, une trentaine de prévenus disposent d'un portable, à la suite d'un jugement du juge James Brunton dans l'affaire SharQc. Ce qui n'enchante visiblement pas M. Landreville.

«On n'a jamais été d'accord pour les portables. On va tout faire pour qu'il n'y ait plus de portables en prison», a-t-il dit sans détour.

M. Landreville a expliqué qu'en plus des inquiétudes liées à l'aspect sécurité, l'établissement qu'il dirige avait dû embaucher un employé du secteur privé pour superviser les ordinateurs et aider les utilisateurs sans que le budget administratif soit augmenté.

Serviables

Le procureur de la Couronne Yvan Poulin est d'avis que la requête de M. Desjardins devrait être rejetée. Certes, la preuve est volumineuse. Mais les autorités de la prison rendent de bons services à M. Desjardins. On lui a assigné le bureau d'un criminologue et il peut y aller 13 heures par jour chaque jour s'il le veut.

Me Marc Labelle, qui représente M. Desjardins, croit pour sa part que les services correctionnels doivent s'ajuster, car on vit dans une ère informatique. «Nous nous sommes tous ajustés. Ce n'est pas une requête en commodité.»

Me Labelle a aussi fait valoir qu'il ne demandait pas de créer un précédent. Le cas de M. Desjardins est un cas d'espèce, dit-il. La preuve est très volumineuse et son enquête préliminaire doit se tenir dès janvier 2014.

Le juge Pierre Labrie a mis l'affaire en délibéré, et rendra sa décision en septembre.

Rappelons que M. Desjardins est accusé avec d'autres du meurtre prémédité de Salvatore Montagna, tué par balles le 24 novembre 2011, à Charlemagne.