Pour se disculper, François Lesage jure qu'il est absolument impossible de violer une personne en état d'hypnose. Plusieurs experts sont pourtant d'avis contraire.

On ne peut évidemment pousser n'importe qui à faire n'importe quoi, disent-ils. Mais dans certaines circonstances, un hypnologue malveillant peut aller très loin. C'est ainsi que certains ont déjà été condamnés pour agression sexuelle aux États-Unis et en Europe. «Certaines personnes sont extrêmement réceptives à l'hypnose, explique le Dr Amir Raz, professeur de psychiatrie à l'Université McGill et hypnothérapeute. En y mettant assez de temps, en étant assez insistant, on peut les pousser à faire ce qu'elles ne feraient pas normalement. C'est encore plus vrai avec une personne désespérée, confuse et totalement dépendante.»

En France, l'expert en psychiatrie criminelle Michel Bénézech abonde dans le même sens. Au fil de sa carrière, le professeur a vu une bonne dizaine d'hypnothérapeutes accusés d'agression sexuelle. «Chez les personnes en position d'infériorité psychologique, des suggestions répétées de type «vous me trouvez désirable» peuvent inhiber les défenses conscientes habituelles et la capacité critique, dit-il. On peut mettre la victime dans une espèce d'état de dépersonnalisation passagère, dans laquelle, sur le moment, elle ne peut s'opposer à la volonté du thérapeute.»

Même bien menée, l'hypnose génère toutefois des impressions floues, voire de faux souvenirs potentiellement problématiques, ce qui nuit aux victimes lorsqu'elles veulent témoigner en cour. Certains hypnothérapeutes ont néanmoins été condamnés à des peines de prison. Au Connecticut, Michael Johnstone filmait ses clientes à leur insu pendant qu'il utilisait l'hypnose pour obtenir des faveurs sexuelles. Dans le Maine, Aaron Patton devait hypnotiser une adolescente pour qu'elle cesse de se ronger les ongles, mais profitait plutôt de leurs séances pour l'aider à se sentir «plus à l'aise» à l'égard des agressions qu'il commettait.

Arrêté pour viols en série, l'hypnologue vénézuélien Briceno Cano utilisait en prime un sédatif provoquant des pertes de connaissance.