La policière de Québec qui souhaite empêcher son ancien agresseur de s'installer à moins d'un kilomètre de chez elle devra poursuivre sa croisade.

Sandra Dion est repartie mercredi bredouille d'Ottawa, n'ayant pas réussi à rencontrer le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, ou le premier ministre Stephen Harper comme elle le souhaitait. Elle a cependant pu s'entretenir avec la secrétaire parlementaire Candice Bergen, une réunion qu'elle a qualifiée de «copier-collé» de celle qu'elle avait eue à pareille date avec elle l'an dernier.

Mais cette année, Sandra Dion sait que son agresseur Laurent Minier peut à tout moment séjourner à la maison de transition tout près de chez elle. Il y était d'ailleurs justement de façon ponctuelle mercredi, le jour de sa conférence de presse.

«Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête», a-t-elle illustré.

Mme Dion a été victime d'une attaque perpétrée à l'aide d'un tournevis alors qu'elle patrouillait seule en 2002. Selon les documents qu'elle a pu consulter, l'homme souffre de schizophrénie, de troubles délirants et de troubles de personnalité. Il aurait par ailleurs affirmé qu'il allait tuer la prochaine policière qu'il voyait.

La possibilité de pouvoir croiser son agresseur dans son quartier est qualifiée «d'invivable» et de «cauchemardesque» par Mme Dion. Elle espère que la Chambre des communes adopte un projet de loi pour éviter de telles situations.

«Il n'y a pas de bonne raison pour le gouvernement de se défiler. Il est le seul à pouvoir faire quelque chose», a avancé la policière de 44 ans.

Si rien n'est fait, elle assure qu'elle ne baissera pas les bras. «Une chose est sûre, c'est que si on m'annonce que Laurent Minier vient une semaine, un mois, ou vient rester de façon permanente (au centre correctionnel) Marcel-Caron, vous me verrez ici, en avant (du Parlement), itinérante, jusqu'à temps que mon agresseur quitte mon quartier», a-t-elle soutenu.

Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu assure être sympathique à sa cause. «C'est quelque chose que les victimes demandent depuis des années, de faire en sorte que lorsqu'on libère un criminel qu'on considère dangereux, qu'on tienne compte d'abord de la sécurité de la victime plutôt que de la liberté du criminel», a-t-il signalé.

«C'est quelque chose qui me tient à coeur. Je pousse le ministre pour qu'on modifie la loi à ce niveau-là, mais c'est complexe», a-t-il ajouté.

À la période de questions, interrogé par la députée bloquiste Maria Mourani, le ministre Toews à dit être «très inquiet» des faits rapportés, sans toutefois s'engager à intervenir.

Selon Mme Mourani, la situation pourrait être réglée de façon très rapide, par une directive interne émise par le ministre. «Ça prend une directive, tout simplement. Pas besoin d'un projet de loi», a-t-elle dit.