En moins de trois mois, deux Montréalaises d'origine sri-lankaise ont été tuées pendant que les procédures judiciaires contre leur agresseur ou harceleur étaient en cours. Personne n'a de boule de cristal, et les intervenants doivent souvent prendre des décisions avec des données fragmentaires. L'immigration change également le portrait de la violence contre les femmes.

Dans certaines maisons d'hébergement, plus de 80% des femmes proviennent des communautés culturelles, dont certaines sont bien difficiles à percer. «Ce n'est pas plus compliqué, mais c'est plus complexe, affirme Manon Monastesse, directrice de la Fédération des ressources d'hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec. C'est certain que c'est un défi supplémentaire. Pour ces femmes, c'est un pensez-y-bien quand elles veulent sortir de la violence conjugale. Ce sont des femmes déchirées entre trois mondes: celui de leur communauté, celui de notre société et celui de leur communauté restée au pays, avec laquelle elles ont des liens. Le mari peut dire: «si tu me quittes, je vais déshonorer ta famille».»

Le gouvernement du Québec doit lancer demain son nouveau plan d'action contre la violence faite aux femmes. «En principe, il va viser les femmes plus vulnérables, dont les femmes immigrantes. Notre demande est beaucoup d'avoir un meilleur soutien, notamment au niveau des interprètes, un service qui coûte extrêmement cher. L'avenir, c'est d'avoir les liens avec les communautés», résume Mme Monastesse.

Au Canada, on compte 550 maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence. Il y en 106 au Québec, dont 25 à Montréal. Le numéro de téléphone de SOS Violence conjugale: 1-800-363-9010.