Les deux policiers qui ont arrêté le suspect de l'attentat du Métropolis le soir des élections provinciales ont été honorés par leurs pairs aujourd'hui, aux côtés d'autres collègues s'étant illustrés par des sauvetages héroïques, des enquêtes complexes ou une implication remarquable dans leur communauté.

Les sergents Stéphane Champagne et Jean-Marc Rochon, de la Sûreté du Québec, n'en finissaient plus de serrer des mains après la réception de leur trophée au 14e Gala des Prix policiers du Québec.

Informés qu'un ou plusieurs coups de feu avaient été tirés à l'arrière du Métropolis pendant le discours de victoire de Pauline Marois, le soir du 4 septembre, les policiers en civil s'étaient précipités en courant vers le suspect, qu'ils ont réussi à maîtriser.

«Leur action fait la fierté de tous les policiers», a souligné l'animateur Pierre Légaré, en soulignant que c'est pour l'ensemble de leur intervention que les sergents sont récompensés, «pas seulement pour un plaqué réussi».

Signe des temps et de la mondialisation des réseaux criminels, plusieurs lauréats du gala de cette année ont mené des enquêtes aux ramifications internationales.

Même une enquête d'apparence on ne peut plus locale sur des voleurs de machinerie lourde au Centre-du-Québec a fini par mener des policiers de la Sûreté du Québec et de la GRC jusqu'à une opération ultra-secrète avec les Secret Services américains.

Après avoir vu que des cibles de leur enquête s'étaient fait offrir de la fausse monnaie, les enquêteurs ont découvert une presse à imprimer les faux billets et 1 million de dollars américains contrefaits, prêts à être écoulés sur le marché.

«Les Secret Services étaient sur l'affaire depuis longtemps, ils cherchaient la source des billets. Quand on les a appelés, ils ne nous ont rien caché de leurs enquête, ç'a été un partenariat exemplaire», raconte le lieutenant Steve Dubé, de la SQ.

«Les criminels n'ont plus de frontières, donc nous non plus, on ne doit pas se mettre de barrière», ajoute son collègue, l'agent Bernard Gravel.

Une équipe de la GRC a aussi été récompensée pour avoir intercepté 43 tonnes de haschisch et démantelé un réseau qui étendait ses tentacules du Canada au Pakistan en passant par l'Italie et la Belgique.

«Nos relations avec les services de police étrangers sont vraiment rendues excellentes. On ne peut pas débarquer au Pakistan et imposer des façons de faire, mais on peut observer et amasser de l'information pour travailler en vertu de la loi canadienne», raconte André Potvin, de la GRC.

Un enquêteur de l'équipe des crimes non résolus de la police de Laval, Martin Saillant, a aussi accepté un prix au nom de la cinquantaine de policiers qui ont travaillé à élucider la mort de Joleil Campeau, cette fillette de 9 ans dont le corps avait été retrouvé en 1995 à Laval.

Seize ans après le crime, un suspect a pu être identifié et arrêté après que M. Saillant eut réalisé un test d'ADN sur un objet retrouvé sur la scène du drame. Cette technologie et la banque de profils de suspects n'en étaient qu'à leurs balbutiements au moment de la mort de l'enfant.

«J'ai appelé mon boss et j'ai dit "Ça punch avec l'identité de quelqu'un, est-ce que ce nom-là te dit quelque chose?" Finalement, c'était quelqu'un qui avait été mentionné dans l'enquête à l'époque mais sans qu'on puisse aller plus loin», a raconté l'enquêteur, tout sourire.