Condamnée à la prison à vie en 1998 pour le rôle qu'elle a joué dans le meurtre d'un Montréalais, Stivia Clermont veut demander à un jury de lui permettre de recouvrer la liberté avant terme.

Normalement, la femme de 48 ans deviendra admissible à une libération conditionnelle totale le 24 janvier 2024. Mais celle qui purge sa peine à la prison pour femmes de Joliette (source d'inspiration de la série télévisée Unité 9) compte se prévaloir de l'article 745.6 du Code criminel. Cette disposition permet à un détenu qui a purgé au moins 15 ans de sa peine à perpétuité de se présenter devant un jury pour tenter d'obtenir une réduction de peine. Si le jury est d'accord, Mme Clermont pourra faire sa demande à la Commission des libérations conditionnelles.

Les demandes de ce type sont filtrées, et seuls les détenus ayant une chance de réussite se rendent jusqu'à l'étape devant jury. Mme Clermont fait manifestement partie de ces cas. Depuis 2007, elle a une cote de sécurité minimale. Il y a quatre ans, elle a commencé à avoir des permissions de sortie avec escorte, qui se poursuivent encore aujourd'hui. Sa plus récente évaluation psychologique en prison, en octobre 2011, faisait état d'un diagnostic de trouble de personnalité mixte avec traits obsessifs compulsifs et narcissiques.

Un meurtre commandé

Mme Clermont a été condamnée pour le meurtre de Rocco Racaniello, survenu le 14 janvier 1995, devant son domicile, à Saint-Léonard. L'homme était sorti pour casser de la glace dans son entrée. C'est là, dans son abri Tempo, qu'il a été poignardé à sept reprises. Au départ, le meurtre de cet entrepreneur sans histoire semblait bien mystérieux. Mais deux ans plus tard, l'enquête a mené les policiers à Porto Rico, où ils ont épinglé le tueur à gages qui avait exécuté la victime. Il s'agissait de Miguel Rosario Arce, qui avait eu une liaison avec Mme Clermont. Ce dernier a raconté qu'il avait accepté de tuer le «mari encombrant» contre une «somme importante», soit 1700$. Il a raconté que Mme Clermont l'avait recruté pour faire le travail à la demande de la femme du défunt, Maria Coppola, et de l'amant de cette dernière, Nicolas Storto.

Le tueur à gages a plaidé coupable à une accusation réduite de meurtre non prémédité. Les trois autres ont eu un procès commun devant jury en 1998. Le jury a acquitté la veuve, mais il a déclaré coupables son amant, Nicolas Storto, et la donneuse du contrat, Mme Clermont.

Amie de Karla Homolka

Stivia Clermont, mère de deux enfants, a pris le chemin de la prison de Joliette. Pendant sa réclusion, elle s'est liée d'amitié avec Karla Homolka. Cette dernière, qui avait assisté son mari Paul Bernardo dans la commission de viols et de meurtres d'adolescentes, en Ontario, a été libérée en 2005, après avoir purgé une peine de 12 ans de prison.

À l'ouverture du terme des assises, le 5 novembre, les parties devraient être en mesure de fixer une date pour le cas de Stivia Clermont.