Sept ans après avoir eu un procès pour méfaits contre des armoiries de la reine, un Montréalais a été accusé hier d'intimidation envers le juge et le procureur de la Couronne qui étaient attitrés au dossier.

Denis Dubé, 61 ans, est accusé d'avoir «menacé de faire usage de violence» envers le juge retraité Claude Millette et le procureur de la Couronne Jacques Rouillier. Il fait également face à une accusation de port d'arme dans un dessein dangereux, parce qu'il aurait dissimulé un couteau sur lui le jour des faits qui lui sont reprochés.

Les événements se sont produits au palais de justice de Montréal, le 10 septembre. Ce jour-là se déroulait le procès de Denis Dubé, accusé d'avoir entre autres brisé la vitre de la boutique de matériel militaire de la «Milice patriotique québécoise», rue Sainte-Catherine Est.

Sur l'heure du midi, Denis Dubé aurait tenu des propos intimidants envers l'ex-juge Claude Millette et Me Jacques Rouillier, qui est toujours procureur de la Couronne à Montréal. Les constables spéciaux l'ont immédiatement arrêté.

Malgré son arrestation, Denis Dubé est retourné dans la salle d'audience en après-midi. Le juge l'a reconnu coupable de méfaits et de voies de fait dans l'affaire impliquant la «Milice patriotique du Québec». Il l'a mis en probation pour une période de 18 mois.

Denis Dubé a été libéré au courant de la journée en échange d'une promesse de comparaître. «S'ils jugent que l'individu ne représente pas de danger immédiat, les officiers ont le pouvoir de le relâcher», explique Me Gianni Cuffaro, procureur en chef adjoint au district de Montréal. Soulignons que le crime dont il est accusé peut entraîner un maximum de 14 ans de prison.

Armoiries de la reine

Denis Dubé avait eu affaire à l'ex-juge Claude Millette et au procureur Jacques Rouillier en 2005, lors d'un procès pour méfaits.

Le 15 février 2004, il a été arrêté lorsqu'il était en train d'endommager les armoiries de la reine sur la façade d'un immeuble de Postes Canada, rue University.

Pendant son procès, Denis Dubé a admis avoir endommagé la chaîne au cou de la licorne sur les armoiries. Dans un long argumentaire, il a soutenu qu'il en avait le droit, parce qu'il s'agit d'un symbole de discrimination qui le concerne.

Le juge Claude Millette l'a déclaré coupable, mais il lui a accordé une absolution inconditionnelle.

Denis Dubé ne semble pas avoir digéré ce verdict, si l'on se fie à un texte qu'il aurait publié sur l'internet, en novembre 2008.

«Nonobstant l'article 241 du Code criminel, qui interdit tout encouragement au suicide, je leur conseille fortement, au juge Claude Millette-Zundel et son procureur Jacques Rouiller-Faciste [sic], car cela leur sera sûrement moins pénible que me rencontrer [sic].»

Denis Dubé sera de retour en cour le 22 novembre. Une procureure de la Couronne de l'extérieur de Montréal sera désignée «pour que l'on ne pense pas que le ministère public a un parti pris», indique Me Cuffaro.