Deux ans et demi après avoir été enlevée et agressée sexuellement par le récidiviste Jean-Yves Migneault, Diane n'arrive pas à reprendre sa vie en main. «Je me sens sale, dégueulasse. Son odeur est restée dans ma mémoire. Je me lave plusieurs fois par jour, mais je n'ai pas trouvé de savon pour enlever son odeur.»

C'est ce que Diane (nom fictif) a raconté en pleurant, aujourd'hui, alors qu'elle témoignait aux plaidoiries sur la peine qui doit échoir à son agresseur. Diane l'appelle «le monstre».

Au terme de son procès, Migneault, 59 ans, a été déclaré coupable sous plusieurs chefs pour l'enlèvement et l'agression sexuelle de Diane. Vu le lourd passé de l'accusé, son impulsivité et le risque très élevé de récidive, la procureure de la Couronne Rachelle Pitre veut le faire déclarer  délinquant dangereux. Me Luc Vaillancourt, en défense, suggère plutôt qu'il soit déclaré délinquant à contrôler.

Sa vie a basculé

Diane, une jolie femme de 36 ans, a été enlevée dans le stationnement d'un IGA, à Montréal, vers 20h30, le soir du 11 avril 2010. Sous la menace d'un faux pistolet, Migneault, qu'elle n'avait jamais vu de sa vie, est monté dans sa voiture et l'a obligée à le conduire dans une forêt de Saint-Lin. Il l'a agressée sexuellement. Vers 23h30, il l'a ramenée à Montréal et l'a abandonnée dans la rue. La vie de Diane venait de basculer. Et maintenant, ce n'est pas seulement elle qui en souffre, mais aussi son mari et leurs deux enfants, a-t-elle expliqué.

«Avant, je me considérais comme privilégiée d'être indépendante. Maintenant, je dois toujours être accompagnée pour les sorties. Je fais des crises d'angoisse dans les lieux publics. Je ne supporte pas les surprises. Tout le monde chez moi doit m'appeler ou me texter avant de revenir à la maison. Je suis constamment préoccupée par ma sécurité. Je vois que j'ai vraiment changé.»

Avant, Diane appréciait les belles choses de la vie comme les couchers de soleil, la forêt, le plein air. «Je ne sors jamais quand le soleil se couche, car c'est le moment où j'ai été enlevée», a-t-elle dit. De la même manière, cette adepte du plein air ne veut plus aller en forêt.

Celle qui était fière de son indépendance et qui mordait avec joie dans la vie en est rendue à s'automutiler. «La douleur physique réussit à diminuer la douleur psychologique.»

Diane affirme qu'elle gagnait très bien sa vie avant, comme travailleuse autonome. Elle n'a pas repris le travail depuis l'agression. Elle reçoit des prestations de la Commission de la santé et de la sécurité du travail, mais cela ne représente qu'une infime partie de ce qu'elle gagnait avant. Résultat, elle et son conjoint ont fait faillite l'an dernier. Les impacts négatifs se répercutent partout.

Diane a expliqué qu'elle est parfois animée de pulsions agressives en pensant à l'injustice dont elle a été victime «en tombant entre les mains de ce monstre». En disant cela, elle a montré du doigt Migneault, dans le box.

Migneault a enlevé Diane après avoir été plaqué par une conjointe, à qui il s'en était aussi pris en la menaçant avec une fausse arme à feu.

Un peu plus tard, Migneault a brièvement pris la parole, pour apporter des précisions sur ses séjours en prison. «Je ne pensais pas agresser personne en sortant. Je ne suis pas un violent comme on essaie de le dire ici», a-t-il dit. Il s'est aussi plaint de ne pas avoir eu un procès juste et équitable.

La juge Lori Weitzman rendra sa décision le 22 novembre.