Dans une voiture la menant à l'Hôpital général de Montréal où son fils Dave Courage, gravement blessé par balle lors de l'attentat de mardi dernier au Métropolis, reçoit des soins, Yvonne Courage craque et vide son coeur. Le souffle court, elle se désole des conditions dans lesquelles est soigné son fils.

«Hier, mon fils m'a dit "Maman, je suis tellement bousculé, tellement maltraité... On appelle les infirmières, elles sont débordées, elles ne viennent pas"», raconte Mme Courage en entrevue avec La Presse.

Dave Courage a vu la mort de près, mais aussi celle de son collègue et ami Denis Blanchette. Il a été atteint par la même - et unique - balle que lui.

Rapidement transporté à l'hôpital, il a eu la vie sauve. Mais c'est là qu'une autre épreuve a commencé, raconte Mme Courage.

«Quand j'ai su ce qui s'était passé, j'ai pris l'avion et je suis venue directement à l'hôpital, raconte sa mère, qui vit en Floride. J'arrive, je vois mon fils dans une chambre, avec plein de peinture défaite sur les murs, le plancher sale, les fenêtres et les portes qui ne se ferment pas. Mon fils avait tellement chaud, qu'il transpirait. Il tremblait. Il m'a regardée et m'a dit "Maman, je n'en peux plus, j'ai le soleil en plein sur le visage"», poursuit-elle.

Opération chirurgicale

Comme la balle a traversé son corps, Dave Courage doit subir une opération pour que soient retirés des débris logés près de sa colonne vertébrale. L'intervention devait avoir lieu hier matin à 7h et pour ce faire, M. Courage devait être à jeun, explique sa mère.

Finalement, en fin d'après-midi, on lui apprend que l'opération n'aura pas lieu.

«Ils viennent nous dire qu'il y a eu d'autres urgences, qu'il sera opéré plus tard. C'est inhumain! Il avait tellement faim, il avait mal au coeur d'attendre. Il souffrait», s'emporte-t-elle.

«Il faut que l'État fasse quelque chose. En ce moment, avec l'avion, le stationnement que je dois payer chaque fois que je viens le visiter à l'hôpital, ça coûte cher. Et quand il va sortir, il sera en convalescence, il ne pourra pas travailler pendant un certain temps», indique Mme Courage.

«C'est certain qu'un petit quelque chose serait apprécié, mais on n'ira pas quémander. On n'est pas comme ça».

Dave Courage ne pourra probablement pas assister aux funérailles de son ex-collègue. Yvonne Courage assure toutefois qu'il y sera en pensée.

La famille de Denis Blanchette, mort sous l'unique balle tirée par le tueur du Métropolis, a accepté hier que l'homme ait des funérailles nationales. Pauline Marois a souligné le geste héroïque du technicien de scène et affirmé que le père de famille lui avait peut-être sauvé la vie.

Les funérailles seront célébrées ce lundi 10 septembre à 14h à l'église Saint-Donat de Montréal.

- Avec Gabrielle Duchaine