Les policiers ont mis la main au collet d'un homme ayant posé une quinzaine de fausses bombes au cours des dernières années à Montréal. Celui-ci avait visé plusieurs institutions, notamment le Stade olympique, le pont Jacques-Cartier, la Commission scolaire de Montréal, Radio-Canada et une mosquée.

Il aura fallu deux ans d'enquête pour trouver celui qui a multiplié les faux engins explosifs au coeur de Montréal depuis 2008. L'enquête a débuté au printemps 2010 à la suite d'une série de six fausses alertes à la bombe.

Le 20 mars 2010, un homme appelle au 911 et prévient qu'un engin explosif a été disposé dans une poubelle au coin du boulevard René-Lévesque et de la rue Stanley. Des patrouilleurs découvrent sur place une imitation de bombe.

Le 1er avril suivant, des dispositifs font surface à deux endroits, ce qui laisse croire qu'un plaisantin pousse un peu loin le concept du poisson d'avril. Le premier engin est trouvé durant la nuit lorsqu'une personne se présente devant une mosquée du Centre-Sud où elle découvre une bombe accrochée à la porte grillagée.

Puis le lendemain matin, un employé du port de Montréal remarque que des objets pendent du pont Jacques-Cartier. Alertée, la Sûreté du Québec (SQ) découvre pas moins de 10 colis suspects attachés à la structure du pont. Puisqu'il s'agissait d'engins visiblement inoffensifs, une seule voie a dû être fermée durant l'heure de pointe matinale pour les retirer.

La série de fausses bombes se poursuit une quinzaine de jours plus tard. Un appel anonyme informe le Service de police de la Ville Montréal (SPVM) qu'une bombe a été cachée dans un buisson au pied de la tour de Radio-Canada. Pour ne courir aucun risque, le Groupe tactique d'intervention est déployé, mais encore une fois, il s'agit d'un montage et non de véritables explosifs.

Quatre jours plus tard, le poseur récidive en disposant un colis suspect sur la piste cyclable du pont Jacques-Cartier. Enfin, un dernier engin explosif est trouvé dans les buissons devant les bureaux de la Commission scolaire de Montréal, ce qui force de nouveau le déploiement des artificiers du SPVM.

Troubles mentaux

Ces bombes ont longtemps intrigué les enquêteurs, puisque aucune menace, revendication ou demande quelconque n'a été formulée à la suite de leur découverte. Après une longue enquête commune du SPVM et de la SQ, les policiers ont arrêté le 30 mars dernier Michel Ouellet, 57 ans. Lors de son interrogatoire, ce résidant du quartier Centre-Sud a reconnu avoir posé ces fausses bombes au printemps 2010. Il a également avoué être responsable de deux autres faux engins trouvés en 2008 au Stade olympique et devant les bureaux de la CSN.

Signe qu'il n'avait peut-être pas mis un terme à sa carrière de poseur de fausses bombes, les policiers ont trouvé dans son appartement sept autres imitations d'engins explosifs lors d'une perquisition.

Accusé de méfait et d'avoir faire craindre un attentat terroriste, l'homme a finalement été déclaré criminellement non responsable en raison de ses troubles mentaux. Hospitalisé depuis juillet, il doit comparaître devant la Commission d'examen des troubles mentaux le 20 septembre.

L'arrestation survenue en mars est passée inaperçue en raison du conflit étudiant qui a secoué Montréal au printemps. La conclusion de cette enquête a toutefois été soulignée dans un rapport envoyé récemment aux élus, car ces fausses bombes avaient causé beaucoup d'inquiétude.