Le clan Rizzuto a beau avoir perdu des plumes au cours des dernières années à Montréal, il reste que la vie n'est pas facile lorsqu'on est connu pour s'être attaqué violemment à la célèbre famille.

C'est ce qui ressort du procès de Sounthone Chareunsouk, un des incendiaires qui a avoué sa participation à l'attentat de 2011 contre le complexe funéraire appartenant à la famille de Vito Rizzuto, ancien parrain de la mafia montréalaise.

Le jeune trentenaire avait été arrêté dans la nuit du 5 au 6 janvier 2011 après qu'un cocktail Molotov eut été lancé entre deux portes du complexe funéraire Loreto, provoquant de légers dommages à l'entreprise de Saint-Léonard.

Un gardien de sécurité de la firme Garda avait vu des suspects s'enfuir du Loreto vers 1h du matin. Grâce à l'aide d'un policier en civil qui avait croisé les fuyards par hasard et noté leur plaque d'immatriculation, trois suspects avaient été arrêtés dans un jeep qui empestait l'essence, selon la preuve. Les trois ont plaidé coupable. L'affaire avait irrité plusieurs personnes de la communauté italienne, qui étaient outrées qu'on manque de respect envers le lieu de repos des défunts.

Lors des représentations sur sentence de Charensouk, lundi, son avocat Alexandre Goyette a insisté sur le fait que des gens plus puissants s'étaient servis de son client, dont la vie est pénible depuis.

«Ce n'est pas une tête dirigeante, loin de là. C'est un exécutant, un pion qui devait remplir une mission», a plaidé l'avocat.

«Ce sont souvent de jeunes individus qui n'ont pas beaucoup d'argent et on leur fait une offre. Vous voyez que ce n'est pas un professionnel, le coup n'a pas fonctionné», a-t-il ajouté.

À l'époque, une vague d'incendies criminels sévissait à Montréal dans des établissements reliés au crime organisé italien. Deux mois plus tôt, le patriarche du clan Rizzuto avait été assassiné dans sa maison de Cartierville.

Pour sa protection, Charensouk a dû être placé en isolement dans un secteur de prison à sécurité maximum depuis son arrestation. Il a raconté au juge Denis Mondor qu'il n'a eu accès à aucun service de travail social ni à aucun programme de réhabilitation dans ce secteur. «On n'a rien, monsieur», a-t-il dit.

La nature particulière du dossier et sa médiatisation a par ailleurs fait craindre pour la sécurité de la famille de l'accusé, selon son avocat. L'adresse de ses parents aurait même été diffusée publiquement. «Sa famille l'a renié, elle ne voulait plus lui parler, elle ne voulait pas le visiter» , a précisé Me Goyette au juge.

Charensouk a par ailleurs tenu à préciser à la cour que sa conjointe a accouché peu après son incarcération, et qu'il n'a jamais vu son enfant.

La couronne et la défense se sont entendues pour recommander une peine de 30 mois de prison, moins les 19 mois de détention préventive purgés par Charensouk depuis son arrestation. Il lui resterait donc 11 mois à purger.  Le juge Denis Mondonr rendra sa décision mercredi.

Les deux autres incendiaires, Alexandre Toualy et Julien Bourassa Richer, recevront leur sentence plus tard.