Après cinq semaines passées entre la vie et la mort à l'hôpital dans d'atroces douleurs, l'une des victimes d'un délit de fuite surréaliste survenu dans l'arrondissement de Saint-Léonard s'est éteinte lundi dernier.

Rita Boni Santi, 77 ans, retournait à sa voiture avec son conjoint, âgé de 80 ans, après des emplettes au marché Bonanza, dans un petit centre commercial de la rue Jean-Talon.

Pour une raison inconnue, Maria Messina-Triassi, âgée de 55 ans, a démarré en trombe dans le stationnement au volant de son véhicule utilitaire BMW avant de percuter plusieurs automobiles.

«Elle nous a tous heurtés l'un après l'autre, comme des dominos», avait raconté Domenica, qui se trouvait dans l'une des huit voitures embouties par la conductrice fautive.

Mais, bien plus grave que l'amas de tôle froissée, la fautive a blessé quatre personnes, dont Mme Boni Santi et son compagnon.

«Mon père a été heurté et s'est retrouvé sous son auto, Rita sous une autre. On croit qu'elle a aussi passé sous la BMW. Mon père était de dos. Il dit que la seule chose dont il se souvient, c'est de s'être fait cogner par derrière», raconte le beau-fils de la défunte, Danny Lucarelli.

Mme Messina-Triassi a quitté les lieux à bord de son camion, lourdement endommagé à l'avant et dont un pneu était même crevé. Des témoins ont noté son numéro de plaque et elle a été arrêtée le soir même chez elle.

Elle a été formellement accusée le lendemain d'avoir fui les lieux d'un accident.

Derniers jours douloureux

Rita Boni Santi, elle, a été hospitalisée, comme trois autres blessés, dont son conjoint. «Elle avait des fractures aux deux jambes, aux tibias, péronés, fémurs, dont des fractures ouvertes. Elle avait le bras gauche cassé, ainsi qu'une clavicule et des côtes, et les poumons perforés. Elle a eu 10 opérations, on lui a fait des greffes de peau. Elle ne pouvait pas parler parce qu'elle était sous respirateur. Elle voulait parler, mais ne pouvait pas. Elle répondait à nos questions par des signes de tête», décrit Anne Laferrière, belle-fille de la défunte.

On parlait même de lui amputer les jambes. Elle a fini par s'éteindre dans la nuit de lundi dernier.

À la suite de l'une de ses nombreuses opérations, des caillots de sang se seraient formés dans son abdomen et auraient entraîné une réaction en chaîne qui lui fut fatale.

Nouvelle accusation

«C'est une tragédie pour la famille. Mon père devait partir en vacances en Italie. Il doit oublier ça. Il est démoli. Il a eu une côte cassée et une grosse contusion à une jambe, il marche encore, mais avec une canne. Elle était une amie de la famille depuis longtemps. Mon père et elle s'étaient connus en Italie dans leur enfance. Tous les deux se sont un jour retrouvés veufs et ils faisaient vie commune depuis 12 ans. Pour ma fille, elle était comme sa vraie grand-mère», raconte M. Lucarelli.

«On sait que la dame qui a fait ça n'est pas une criminelle en série. Nous, tout ce qu'on veut, c'est qu'elle soit consciente du désastre qu'elle a causé. Elle a bouleversé la vie de bien du monde. Mon conjoint était enfant unique et il a déjà perdu son père. Ma belle-mère était très active, avait un grand cercle d'amis et sortait beaucoup. Elle ne méritait pas ça», se désole Anne Laferrière.

Maria Messina-Triassi retournera devant le tribunal le 9 août. La police de Montréal confirme qu'elle sera maintenant accusée d'avoir fui les lieux d'un accident ayant causé la mort.