La famille du défenseur vedette du Canadien P.K. Subban, choquée par la vague de violence qui frappe sa ville, lance un appel à la mobilisation générale pour «sauver les enfants» des gangs et de la violence.

«Il faut sauver nos enfants! J'entends dire que nous devons reconquérir nos rues et nos quartiers. Mais d'abord, les parents doivent reconquérir les enfants qui ont été conquis par la rue», martèle Karl Subban, en pointant le boulevard derrière lui.

Le père de famille n'accorde plus beaucoup d'entrevues afin d'éviter les interférences avec la carrière de son fils P.K., sur qui les projecteurs sont constamment braqués à Montréal. Mais en tant que directeur d'une école torontoise, il a accepté de rencontrer La Presse pour parler des fusillades qui ont touché plusieurs quartiers défavorisés de Toronto.

«Dans nos communautés, et surtout dans la communauté noire, nous devons régler nos problèmes par nous-mêmes. Nous ne pouvons pas attendre que le gouvernement les règle», explique-t-il.

Il propose une idée de son cru: «Chaque adulte noir devrait donner une heure par semaine à un enfant à risque. Une heure. Faites quelque chose avec cet enfant», insiste-t-il.

Lui-même dirige une école dans le secteur Jane and Finch, un quartier qui connaît son lot de pauvreté, de criminalité et de décrochage. Mais il insiste pour que ses élèves ne portent pas leur lieu de résidence comme un stigmate. «Le quartier ne doit pas définir qui nous sommes. C'est nous qui définissons qui nous sommes», leur enseigne-t-il.

Avec ses fils Jordan et Malcom, deux hockeyeurs accomplis qui suivent tranquillement les traces de leur aîné, Karl Subban travaille à un projet pour aider plus de jeunes des quartiers «sensibles» à jouer au hockey.

«Notre nom est connu dans la région de Toronto. Et nous voulons tous faire plus. Si notre popularité peut aider à obtenir plus de patins, d'équipement, de bénévoles, tant mieux», dit-il.

Il a souvent parlé du sujet avec P.K., qui lui a dit vouloir s'investir encore davantage auprès des jeunes. Le défenseur du Canadien a d'ailleurs utilisé son compte Twitter (157 000 abonnés) pour appeler à la fin des violences la semaine dernière. «Chaque jour, il y a des coups de feu. Il faut que ça arrête!», a-t-il écrit sur Twitter.

«Les enfants aujourd'hui sont comme des bagages perdus à l'aéroport. Quelqu'un doit les réclamer. Les enfants se font élever par la rue», a-t-il ajouté.

«Plusieurs enfants se sentent comme si les gens ne se soucient pas d'eux. Ils sont en colère, et ils déversent leur colère sur la société», explique Karl Subban.

«Mes enfants ne sont pas parfaits, ajoute-t-il. Et leurs parents non plus. Mais tous mes enfants avaient un "troisième parent" qui leur apprenait des choses importantes. Pour mes garçons, c'était le hockey. Pour mes filles, les arts ou le basketball. Chacun avait ce moyen de trouver une direction à sa vie.»

Il faut maintenant aider tous les jeunes à risque à trouver leur propre direction, «sinon les gangs vont leur en trouver une», dit-il.

«Il y a eu assez de réunions. Assez de paroles, nous devons agir. Si nous n'élevons pas mieux nos enfants, ça va continuer. Il faut faire plus», lance-t-il.