Un magistrat de la Cour du Québec pourrait terminer sa carrière sur une bien mauvaise note.

Le juge René Roy fait face à une réprimande du Conseil de la magistrature pour des propos portant sur l'origine ethnique d'un témoin qui comparaissait devant lui.

En août dernier, Abderrahim El Masnaoui s'est présenté à la Cour habillé d'un bermuda et d'un polo. Il ne croyait pas avoir à témoigner et n'est «pas un habitué» des tribunaux.

Après l'avoir autorisé à témoigner en pantalons courts, le juge Roy a vivement critiqué M. El Masnaoui.

«Ça me dépasse ça. Imaginez-vous que, je sais pas de quel pays vous êtes originaire, mais que j'arriverais habillé comme ça devant un juge chez-vous, comment est-ce que je serais reçu?», lui a asséné le juge Roy, selon une transcription d'un enregistrement audio de la séance. «Est-ce que je serais reçu ou si je serais mis en prison, je le sais pas?.»

Abderrahim El Masnaoui est arrivé au Québec en 1989 et a obtenu sa citoyenneté canadienne vers 1993. Il travaille depuis 2004 pour la Ville de Montréal.

Le témoin a «trouvé inacceptable la façon dont il a été abordé par le juge. Il dit avoir été bouleversé par les propos du juge», relate le rapport d'enquête du Conseil de la magistrature. «En référence à son pays d'origine, il a considéré que les propos du juge étaient discriminatoires et qu'ils démontraient de l'intolérance et du racisme.»

Le juge René Roy n'avait jamais fait l'objet de réprimande.  «Il a pris sa retraite en 2007, mais il a continué de siéger à titre de juge suppléant et se retirera définitivement en juillet 2012, car il atteindra l'âge obligatoire de la retraite», explique le rapport d'enquête.

Le magistrat s'est dit désolé et s'est excusé pour les conséquences de son geste. Il continue toutefois de considérer avoir eu un comportement poli.

«Il dit avoir référé au pays d'origine du plaignant à cause de son nom et de son accent», explique le rapport d'enquête.

Le Conseil de la magistrature est chargé de discipliner les juges.