Les jurés qui décideront du sort du juge retraité Jacques Delisle, accusé du meurtre prémédité de son épouse, ont commencé à écouter les instructions qui guideront leur analyse de la preuve présentée lors de son procès.

Le juge Claude C. Gagnon, qui a présidé les audiences devant la Cour supérieure, leur a expliqué lundi qu'ils sont chargés de déterminer quels sont les faits entourant le décès de Nicole Rainville, en novembre 2009.

En amorçant ses instructions, le magistrat a répété que le fardeau de la preuve repose sur la Couronne.

Les jurés devront déterminer si M. Delisle, un ancien juge de la Cour d'appel âgé de 77 ans, avait planifié de tuer sa femme d'un coup de feu, «avec préméditation et de propos délibéré», parce qu'elle était une entrave à ses projets.

Si ce n'est pas le cas, ils devront aussi évaluer s'il s'agit d'un meurtre au second degré, qui ne comporte pas d'éléments de préméditation.

M. Gagnon a insisté sur leur obligation, en vertu du droit, d'acquitter l'accusé en cas de doute raisonnable envers la preuve de la Couronne.

Mme Rainville est morte à l'âge de 71 ans après avoir reçu une balle dans la tête, ce que son mari a présenté comme un suicide.

Mais une trace de noir de fumée et de poudre dans la main gauche de Mme Rainville, ainsi que le fait que M. Delisle avait une relation extra-conjugale, ont mené la Couronne à déposer des accusations.

Après avoir entendu lundi les instructions de M. Gagnon, les quatre femmes et huit hommes composant le jury seront isolés pendant leurs délibérations, jusqu'à ce qu'ils conviennent à l'unanimité d'un verdict.

La semaine dernière, le procureur de la Couronne, Steve Magnan, et l'avocat de la défense, Jacques Larochelle, avaient présenté leurs derniers arguments lors de leur plaidoirie.

M. Magnan a affirmé que M. Delisle avait maquillé le meurtre de sa femme en suicide, un geste commis afin d'aller vivre avec sa maîtresse sans avoir à affronter un coûteux divorce.

Selon la Couronne, Mme Rainville, paralysée du côté droit depuis un accident vasculaire cérébral, a tenté de se protéger d'un coup de feu tiré par une autre personne, ce qui a causé la tache noire dans sa main gauche, la seule valide.

M. Larochelle a pour sa part déclaré que cette tache aurait tout de même pu se retrouver là si Mme Rainville avait empoigné le pistolet de calibre .22 la crosse vers le haut, dans une position inhabituelle en raison de son état d'agitation au moment de s'enlever la vie.

La Couronne a fait entendre deux experts en balistique pour appuyer sa preuve, tandis que la défense en a convoqué un.

Des témoins pour la Couronne et la défense ont raconté que Mme Rainville tenait des propos suicidaires, en raison de la paralysie dont elle souffrait depuis 2007, ainsi que d'une fracture de la hanche survenue à l'été 2009, qui ont réduit sa qualité de vie et son autonomie.

Le procès de M. Delisle a commencé il y a plus d'un mois. Le juge Gagnon poursuit ses instructions lundi après-midi.