De nouvelles images de Luka Rocco Magnotta circulent sur internet. Le présumé tueur d'un étudiant chinois, également soupçonné d'avoir envoyé un pied et une main à des partis politiques fédéraux, a accordé une entrevue à la chaîne Naked News en 2007.

Le prétendu «démembreur» utilise le pseudonyme «Jimmy» lors de l'entrevue. Il explique les détails de son métier d'escorte. Les cheveux du jeune homme sont soigneusement peignés vers l'arrière. Il porte beaucoup de maquillage.

L'interviewé explique qu'avant de devenir escorte, il travaillait comme danseur nu. Il était cependant blasé par ce métier qu'il trouvait parfois «difficile» et désirait un peu plus d'anonymat. C'est un collègue de travail qui lui a suggéré de tenter sa chance comme escorte.

«Le meilleur aspect du travail d'escorte, c'est que je suis mon propre boss, je gère mon horaire et je fais beaucoup d'argent», dit-il.

Il affirme aussi que le travail lui permet de rencontrer plusieurs personnes «intéressantes» et de voyager dans le monde. «Surtout, je n'ai plus à danser», dit-il d'un air soulagé.

L'homme qui est maintenant recherché à travers le monde raconte qu'il a fait le choix de ne pas parler de sa carrière à ses amis et à ses parents. «Je n'en parle pas vraiment parce que ce n'est pas trop accepté dans notre culture. Il y a beaucoup de stéréotypes comme il doit prendre de la drogue, il doit faire la rue, il doit être accroc à plusieurs substances»,explique-t-il assurant que ce n'est pas son cas.

Magnotta affirme également qu'il a de la difficulté à entretenir une relation amoureuse avec une autre personne à cause de son travail. Ses partenaires ne comprennent pas son métier, dit-il. Il affirme avoir été en couple avec d'autres escortes, hommes ou femmes, mais que ni un, ni l'autre n'avait envie d'avoir des relations sexuelles.

Dans 90% des cas, il raconte que les clients le traitent «avec dignité». «Mais les clients alcooliques ou drogués peuvent devenir violents. Mais j'ai appris à savoir quoi dire ou ne pas dire et à me sortir des situations dangereuses.»

Pendant l'entrevue, il fournit d'autres détails plus explicites sur son métier.

Luka Rocco Magnota est accusé d'avoir tué Jun Lin, de l'avoir démembré et d'avoir filmé son crime. Hier, de nouvelles accusations ont été portées contre l'homme originaire de l'Ontario, mais qui vivait depuis quelque temps dans le quartier Côtes-des-Neiges, à Montréal.  

Il fait face à des accusations de corruption de moeurs, profération de menaces et utilisation de la poste pour livrer quelque chose d'obscène. Il est également accusé de meurtre au premier degré, d'outrage au cadavre, de production et de distribution de matériel obscène et de harcèlement criminel à l'endroit du premier ministre Stephen Harper. Rappelons que le Parti conservateur du Canada a reçu un colis mardi qui contenait le pied de la victime. Un autre colis, contenant une main, était quant à lui adressé au Parti libéral du Canada. Il a été intercepté avant d'arriver à destination.

La police française recherche Magnotta

La police française est par ailleurs lancée sur la piste de Luka Rocco Magnotta. Selon les enquêteurs canadiens, Magnotta aurait pris l'avion de Montréal vers la France le 26 mai.

Les policiers français, qui agissent dans la plus grande discrétion, effectuent des «recherches ciblées» pour tenter de le retrouver. Cette source s'est refusée à dire si ces recherches étaient liées à des habitudes du suspect lors d'une ou plusieurs visites en France par le passé ou à des informations selon lesquelles il se trouverait effectivement sur le territoire français.

L'une de ces «recherches ciblées» a conduit les policiers à contrôler ces derniers jours un bar et deux hôtels à Paris, rue des Batignolles dans le 17e arrondissement, selon cette source.

Un témoin, qui a requis l'anonymat, a dit à l'AFP avoir vu vendredi soir des policiers dans le bar «Le petit Batignolles», où ils ont regardé des images de vidéosurveillance, montré la photo du suspect au patron et emporté des bouteilles de Coca-Cola vides en prenant la précaution de ne pas y déposer d'empreintes. Le témoin a dit avoir entendu des policiers évoquer la possibilité d'un récent passage du suspect dans le quartier.

Interrogé par l'AFP, le gérant du bar a démenti samedi avoir reçu la visite de la police.

À l'Hôtel des Batignolles, deux policiers sont venus samedi vers 04H00 du matin: «Ils ont demandé s'il y avait quelqu'un qui ressemblait (au suspect, NDLR). Mon collègue a dit que non», a déclaré un employé à l'AFP.

Dans un hôtel voisin, «Studio des Batignolles», deux policiers sont également passés «jeudi vers 18H00» et «nous ont montré une photo en nous demandant si on l'avait vu, et on l'a jamais vu», a dit un responsable, Mohamed Sbibi.

- Avec l'AFP