Un véritable raz-de-marée de contestations risque de s'abattre sur la cour municipale de Montréal, alors que près d'un demi-millier de personnes prévoient demander l'annulation des amendes reçues dans le cadre des manifestations étudiantes.

Même si, lorsqu'une manifestation devient illégale, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) multiplie les avertissements par haut-parleurs et sur Twitter, les gens qui estiment avoir été arrêtés à tort sont nombreux.

L'avocat Denis Poitras calcule que de 400 à 500 de ses clients s'adresseront au tribunal pour faire annuler leur constat d'infraction. Ils contesteront notamment certaines dispositions du nouveau règlement municipal et de la loi spéciale qui encadrent les manifestations ou feront valoir qu'elles ne s'appliquent pas dans le cadre où ils ont été arrêtés. C'est sans compter tous ceux qui plaideront non coupable sans l'aide d'un avocat ou qui feront affaire avec un autre membre du Barreau.

Arrestation brutale

André Dufour, médecin de 55 ans qui dit avoir été brutalement arrêté lors de la manifestation de dimanche, est du nombre. Il participait à sa première marche nocturne depuis à peine une demi-heure lorsque les choses ont mal tourné.

À l'angle de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, la police a ordonné à la foule de se disperser. Une partie s'est mise à courir dans tous les sens au son des grenades assourdissantes. «Moi, j'ai décidé de marcher. Je n'ai rien à cacher et je ne me sauve pas en courant», raconte le médecin, qui ajoute que des agents de l'escouade antiémeute ont chargé vers lui et lui ont crié de «décrisser». «Ils se sont jetés sur moi et je me suis défendu brièvement.» M. Dufour affirme avoir reçu un violent coup de matraque sur l'oreille. «J'ai été sonné et je suis tombé au sol.»

Il a été emmené au poste de police, où on lui a remis une contravention de 634$ pour attroupement illégal, qu'il contestera. «Ce n'est pas tant le fait d'avoir été arrêté que la manière qui me choque. Il y a eu de la violence gratuite et de la grossièreté. Je sais que la loi leur dit de m'arrêter, mais je ne suis pas d'accord avec la loi.»

Benoit Larivier, qui a été interpellé lors de la même manifestation, se tournera aussi vers la cour municipale. Le quadragénaire a été interpellé quelques minutes après le médecin, à l'angle de l'avenue du Parc et de la rue Milton, en compagnie d'une centaine de personnes. «Je retournais chez moi parce que ça commençait à brasser et j'ai été pris dans une souricière», assure-t-il.

À la Ville de Montréal, on se dit prêt à faire face à toutes ces contestations. «Dans l'hypothèse où il y aurait un tel nombre de dossiers contestés devant un juge, on ne prévoit pas un engorgement ou un débordement de dossiers à la cour municipale puisqu'elle traite déjà près de 1000 dossiers de poursuites en matière pénale par semaine, explique le relationniste Gonzalo Nunez. S'il y a affluence de dossiers au moment des contestations devant un juge, des mesures administratives pourraient être prises pour regrouper certains dossiers et pour s'assurer de respecter les délais.»