Le propriétaire d'un bar de la rue Saint-Denis songe à poursuivre le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) après une intervention musclée sur sa terrasse, survenue hier soir, alors que la 26e manifestation nocturne des étudiants se transformait en émeute.

Il affirme que les policiers lui ont laissé une facture de quelques milliers de dollars en chiffre d'affaires perdu, notes impayées et en réparations de toutes sortes.

Martin Guimond, propriétaire du Saint-Bock, affirmait en début de journée que les agents du SPVM n'avaient aucune raison d'intervenir sur la terrasse de son bar comme ils l'ont fait, selon ce qu'il avait vu sur place et à travers ses caméras de surveillance.

Pourtant, des images de la chaîne CTV mises en ligne dimanche montrent clairement qu'une chaise en plastique a été projetée depuis la terrasse contre une ligne d'agents de police au début de la séquence des événements. Avant le lancer de celle-ci, les images laissent comprendre qu'il y avait des altercations verbales entre les policiers et les gens qui étaient sur la terrasse.

La police a immédiatement répliqué en lançant une capsule de gaz irritant à travers les gens sur la terrasse. Et, toujours selon les images de CTV, la police a aussi lancé la chaise sur la terrasse. Selon M. Guimond, la police aurait causé un mouvement de panique. Les gens qui étaient sur la terrasse auraient brisé du mobilier en tentant de fuir la scène.

«Je ne peux pas leur en vouloir. On parle d'un état d'urgence, d'un état de panique. Ces gens-là ont fait ce qui était le mieux dans cette situation, c'est-à-dire fuir, affirme M. Guimond. C'est épouvantable, on se sent piégés. Dans un état d'urgence, on veut appeler le 9-1-1. Qui est-ce qu'on appelle quand c'est la police qui nous attaque?»

Au lendemain de l'émeute, M. Guimond explique à La Presse qu'il s'entretiendra avec un avocat pour déterminer quels recours sont à sa disposition.

«Si les policiers sont là pour faire respecter les lois du gouvernement, je pense qu'en tant que commerçant j'ai aussi des droits. Et ils doivent être respectés», souligne Martin Guimond.

«Les allégations sont prises au sérieux. Les événements sont analysés de façon chronologique», a affirmé Simon Delorme, du SPVM.

Installé sur la rue Saint-Denis en plein centre-ville, le Saint-Bock voit des manifestations passer devant ses portes presque chaque soir depuis un mois. Il s'agit de la première à l'affecter de la sorte, relate M. Guimond. «Ça s'est toujours très bien passé», explique-t-il.