Le Conseil provincial des métiers de la construction, qui avait déjà prévenu qu'il contesterait la loi qui abolit le placement syndical, est passé à l'acte, mercredi, en présentant une requête en nullité de la loi.

Le Conseil provincial, deuxième organisation syndicale de la construction au Québec pour le nombre de membres, estime que la Loi éliminant le placement syndical et visant l'amélioration du fonctionnement de l'industrie de la construction remet en cause la liberté d'association garantie par les chartes des droits et affaiblit les grands syndicats en accordant pratiquement un droit de veto aux plus petits syndicats.

Au cours d'une rencontre avec la presse, mercredi à Montréal, le directeur général du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), Donald Fortin, s'est insurgé du fait que la loi, dans certains cas, donne pratiquement un vote à chacune des cinq organisations syndicales de la construction, peu importe leur représentativité réelle.

À titre d'exemple, la loi dit que, pour qu'une convention collective négociée puisse être entérinée, elle doit recevoir l'aval non seulement de la majorité des ouvriers qui voteront, mais aussi d'au moins trois organisations syndicales sur cinq, même si deux de ces syndicats, à l'heure actuelle, représentent ensemble 70% des ouvriers. Un vote de ces deux syndicats représentant 70% des ouvriers ne suffirait donc pas à valider une convention collective négociée.

L'avocat au dossier, Me Claude Leblanc, affirme que, dans la construction, le placement syndical fait partie des services qu'offrent les syndicats à leurs membres et que le fait de leur retirer cet atout leur enlève des moyens d'attirer des membres.

La FTQ-Construction, plus importante association syndicale du secteur, a de son côté entrepris un recours distinct devant le Bureau international du travail. Tout aussi opposée à la loi en question, elle n'accompagnera pas le Conseil provincial dans sa requête, car elle estime que la sienne est complémentaire, a expliqué Mathieu Morin, responsable des relations avec les médias.