Les quatre jeunes suspects arrêtés hier, en lien avec l'affaire des engins fumigènes qui ont paralysé le métro jeudi, devront se défendre contre des accusations d'incitation à craindre des activités terroristes, a annoncé ce samedi le Service de police de la ville de Montréal.

Des accusations de complot et de méfait de plus de 5000$ ont aussi été déposées contre eux.

Roxanne Belisle, Vanessa L'Écuyer, Geneviève Vaillancourt et François-Vivier Gagnon ont comparu par le biais de la vidéo-conférence aujourd'hui vers 12h30. Ils ont passé la nuit derrière les barreaux et le resteront au moins jusqu'à lundi. Les trois premières suspectes ont respectivement 23, 22 et 25 ans. François-Vivier Gagnon est âgé de 22 ans.

Pour l'accusation d'incitation à craindre à des activités terroristes, ils risquent cinq ans de prison. Ils en risqueraient dix si des individus avaient été blessés dans l'événement.

«Les quatre suspects ont été rencontrés au cours de la nuit par les enquêteurs des incendies criminels», a indiqué Daniel Lacoursière, porte-parole du SPVM.

Les informations obtenues jusqu'à présent lui font croire que ces quatre individus sont liés au déclenchement d'au moins une bombe fumigène dans le réseau du métro, tout près de la station Lionel-Groulx.

D'autres engins du même type ont éclaté près des stations Jean-Talon et Préfontaine. L'enquête se poursuit dans ces dossiers.

François-Vivier Gagnon devra aussi se défendre contre une accusation de possession d'arme prohibée. En l'espèce, il s'agirait d'une arme blanche.

Les suspects sont représentés par Me Véronique Robert, une criminaliste basée à Montréal.

Hier matin, des policiers ont effectué une perquisition chez François-Vivier Gagnon et Vanessa L'Écuyer. Les deux individus ne se trouvaient pas dans leur logement d'Hochelaga-Maisonneuve, mais plusieurs potentiels éléments d'enquête y ont été saisis.

Des accusations rares

Le criminaliste Robert La Haye affirme que les accusations en vertu des dispositions antiterroristes du Code criminel sont très rares au Canada et encore davantage au Québec.

À son avis, il s'agit de la première fois que cet article du Code criminel est utilisé dans la province.

«Moi c'est la première fois que je vois cette accusation au Québec et au Canada», a-t-il admis. La disposition a été adoptée après les attentats du 11 septembre 2001, avec tout un arsenal judiciaire pour lutter contre le terrorisme.

Me La Haye explique que la Couronne devra prouver hors de tout doute raisonnable que les accusés ont commis le geste en question, mais aussi qu'ils avaient l'intention de faire craindre un acte de terrorisme. «La perturbation du métro, c'est le moyen employé», a-t-il indiqué.

Les policiers voudront faire parler les suspects, selon lui, afin de savoir qui est responsable du dépôt d'autres bombes fumigènes jeudi matin dans le métro.

«C'est sûr que les policiers ne vont pas se limiter à ces personnes-là. Ils vont tenter de voir s'il y a d'autres personnes derrière celles-là et qui elles sont», a-t-il expliqué à La Presse en entrevue téléphonique.