Quatre suspects, incluant une exécutante de l'Association des étudiants en sociologie de l'UQAM, se sont livrés à la police vendredi en lien avec l'affaire des engins fumigènes qui ont paralysé le métro jeudi.

Les quatre sont âgés dans la vingtaine. Il s'agit de Roxanne Belisle, Vanessa L'Écuyer, François-Vivier Gagnon et Geneviève Vaillancourt.

Cette dernière occupe depuis septembre dernier le poste de secrétaire aux affaires externes et internes de l'Association des étudiants en sociologie de l'UQAM, selon les registres officiels. En janvier, elle s'est fait élire sur le comité «maintien et élargissement de la grève» de la CLASSE, dont fait partie son association.

Il n'a pas été possible de confirmer vendredi soir si elle s'implique toujours dans ce comité. Un de ses proches a affirmé à La Presse qu'il ne la voit plus beaucoup depuis le déclenchement de la grève.

Sans vouloir donner de détails sur ses clients, l'avocate des accusés, Me Véronique Robert, confirme que tous ont été placés en état d'arrestation pour méfait de plus de 5000$ et complot pour méfait. Ils se sont livrés au Centre opérationnel sud de la police de Montréal vers 16h30 après s'être reconnus sur les images diffusées par la police.

«Ils n'étaient pas en fuite. Ils ont eu un petit moment de panique ou d'incertitude et c'est pour ça qu'ils ont appelé une avocate», explique Me Robert.

Les suspects ont été interrogés par des enquêteurs et demeurent détenus en attendant leur comparution devant un juge.

Rappelons que des personnes ont jeté trois engins fumigènes sur les rails du métro à l'heure de pointe jeudi, ce qui a paralysé tout le réseau pendant près de trois heures.

Un témoin aurait filmé certains des suspects. La police l'a rencontré et il a fourni une déclaration sous serment.

Un lien vite fait

Dès jeudi, les policiers ont reçu beaucoup d'informations du public. Ils ont vite fait le lien avec un petit nombre de militants étudiants radicaux reconnus sur les photos.

L'enquête, entamée à l'origine par la section des incendies criminels, a été confiée aux enquêteurs du Centre opérationnel sud, qui coordonnent la réponse au mouvement de contestation depuis plusieurs semaines.

Les policiers ont ensuite mené une perquisition vendredi matin dans un logement du quartier Hochelaga-Maisonneuve situé à l'angle de la rue Sainte-Catherine et de l'avenue Letourneux.

Deux des suspects, François-Vivier Gagnon et Vanessa L'Écuyer, militants étudiants issus eux aussi de l'UQAM, habitent cet endroit depuis quelque temps. Ils étaient absents lors de la visite des policiers.

Le premier est étudiant au baccalauréat en sociologie. Il avait été arrêté dans le cadre de l'occupation du cégep du Vieux Montréal, au début de la grève. La seconde milite au sein du groupe Force étudiante critique, qui reproche à la CLASSE et aux fédérations étudiantes d'être trop modérées (voir texte en page A7).

Les policiers sont sortis de l'appartement avec quelques boîtes de matériel saisi. Ils ont refusé de dire sur quoi ils ont mis la main. «Je ne vais pas faire l'enquête dans les médias», a tranché le commandant Ian Lafrenière, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal.

La police précise que les suspects identifiés sont liés aux événements qui se sont produits dans une seule station, Lionel-Groulx. Les policiers cherchent toujours à en savoir plus sur ce qui est survenu aux stations Jean-Talon et Préfontaine. Ils sont certains que plusieurs complices sont toujours au large.

«Il y a encore beaucoup d'informations qui nous arrivent, on n'écarte pas la possibilité qu'il y ait d'autres arrestations à venir», indique le commandant Lafrenière.

Une étudiante nie toute implication

Par ailleurs, La Presse a révélé vendredi que les policiers croyaient avoir identifié une troisième étudiante de l'UQAM, Émilie Cloutier-Morin, dans le groupe. Or, celle-ci ne fait finalement pas partie des quatre suspects qui se sont reconnus sur les photos. Elle a nié vigoureusement toute implication dans l'affaire des bombes fumigènes.

Dans une lettre envoyée à La Presse, son avocat affirme qu'elle a réagi avec «consternation et stupeur» en voyant son nom associé à cette histoire.

«En cas d'arrestation de notre cliente, celle-ci indiquera immédiatement à la Cour qu'elle invoquera une défense d'alibi, appuyée sur les témoignages d'autres personnes, qui démontrera qu'au moment des faits reprochés, notre cliente n'était aucunement présente dans le métro de Montréal», a expliqué Me Denis Poitras.

Plusieurs proches des suspects joints par La Presse ont préféré ne pas faire de commentaires.

- Avec la collaboration de Gabrielle Duchaine, David Santerre et Daphné Cameron