Après moins de 24h de délibérations, un jury a reconnu Aaron Sealy coupable du meurtre prémédité de sa tante et du meurtre non prémédité de son oncle.

Fait rare, le juge de la Cour supérieure Martin Castonguay n'a pas entériné le verdict lorsqu'il a été prononcé, jeudi après-midi, au palais de justice de Montréal. Le magistrat n'a pas fourni d'explications aux jurés. Il leur a permis de rentrer chez eux tout en leur demandant de rester à la disposition de la cour.

Les médias n'ont eu le droit d'annoncer le verdict que ce midi, lorsque le juge a levé un interdit de publication prononcé la veille.

Les 12 jurés ont vraisemblablement retenu la théorie de la poursuite, selon laquelle Sealy a assassiné son oncle, Ferris Alexander Shaar, 61 ans, et sa tante, Alexandra Edna Shaar, 63 ans, puis incendié leur duplex pour camoufler son crime. Il a commis ce double meurtre parce qu'il en voulait à son oncle, avec lequel il s'était disputé plusieurs fois au sujet des clés du duplex, avait expliqué la procureure de la Couronne, Éliane Perreault, plus tôt au procès.

À l'origine, l'homme de 27 ans était accusé de meurtre prémédité.

Le 9 décembre 2008, les pompiers ont été appelés pour un incendie dans un duplex de la rue Saint-Urbain, dans le quartier Ahuntsic. Une fois l'incendie maîtrisé, les pompiers ont découvert Mme Shaar sur son lit, la gorge tranchée. Sa tête portait cinq marques de coups. Le corps de M. Shaar a été découvert près de l'entrée du second étage. Il avait été poignardé à 47 reprises.

Les deux victimes étaient déjà mortes lorsque l'incendie s'est déclaré. Le feu a été allumé à trois endroits dans la maison. La mère de l'accusé, Stephanie Shaar, avait demandé aux victimes d'héberger son fils Aaron. Il logeait donc chez sa tante, et son oncle vivait dans l'autre logement du duplex. L'oncle ne voulait pas que son neveu ait accès à son logement, et encore moins qu'il en possède les clés. C'est devenu un sujet de conflit. À partir du 6 décembre, les disputes entre les deux hommes sont devenues plus fréquentes et se sont envenimées.

Le jeune homme a été arrêté cinq jours après le meurtre, en possession des clés du logement de son oncle. Sur son jean, les policiers ont prélevé l'ADN de sa tante ainsi qu'un échantillon du sang de son oncle.

L'accusé n'a pas présenté de défense. Lors des plaidoiries, son avocate, Me Sharon Sandiford, a dit que l'accusé ne pouvait être l'auteur de ce double meurtre puisqu'il a été vu en train de prendre le métro ce jour-là vers 6h20 du matin. Or, il neigeait ce matin-là et il n'y avait pas de traces de pas dans la neige devant l'immeuble de l'oncle et de la tante. Le ou les meurtriers du couple sont donc sortis de l'immeuble bien avant 6h, selon la théorie de la défense.

Les jurés n'ont vraisemblablement pas retenu cette théorie.