Depuis un an, un seul homme a semé un vent d'inquiétude à travers tout le réseau de résidences pour personnes âgées de Montréal. Normand Lafleur a commis des vols en plein jour dans une trentaine de résidences aux quatre coins de la métropole.

Pour s'y introduire, il sonnait à tous les logements jusqu'à ce que quelqu'un déclenche à distance l'ouverture de la porte principale de l'immeuble. Il profitait ensuite du fait que les personnes âgées laissent souvent la porte de leur appartement déverrouillée, craignant qu'on ne puisse venir les secourir en cas de malaise. Il entrait chez ses victimes pour voler leurs bijoux et leur argent comptant.

Lorsqu'il tombait face à face avec l'une d'elles, il prétextait s'être trompé de logement ou encore il disait être un plombier venu réparer une fuite d'eau. D'autres victimes n'avaient connaissance de rien puisqu'elles faisaient la sieste ou avaient des problèmes de surdité.

L'une des victimes, âgée de 87 ans, est décédée peu de temps après avoir été volée. La femme âgée vivait dans une résidence pour gens atteints de la sclérose en plaques. Elle était dans son logement au moment du vol, mais elle ne s'est rendu compte de rien.

«Après les événements, elle n'était plus la même», selon la concierge de l'immeuble, Gisèle St-Cyr. La femme de 87 ans s'est mise à avoir peur de tout et de rien. Elle a cessé de faire du bénévolat et n'a même pas participé aux activités du temps des Fêtes. Elle est morte à la fin du mois de février dernier. «J'ai l'impression que ce qu'elle a vécu a précipité sa mort», a écrit Mme St-Cyr dans une déclaration déposée au tribunal.

Aujourd'hui, mercredi, l'homme de 48 ans a plaidé coupable aux 37 chefs d'accusation d'introduction par effraction et de vols qui pesaient contre lui au palais de justice de Montréal. Le juge Salvatore Mascia l'a condamné à purger une peine de sept ans de prison, suivant la suggestion commune de la défense et de la poursuite.

«Cette importante problématique de vols dans les résidences pour personnes âgées à la grandeur de Montréal a créé un grand sentiment d'insécurité chez les personnes âgées», a résumé le procureur de la Couronne, Matthew Ferguson.

La série de cambriolages a eu lieu entre avril 2011 et le mois de février dernier. La plupart des résidences, munies de caméras de surveillance, ont capté des images du voleur qui prenait toujours la fuite par l'escalier de secours.

Des policiers d'un poste de quartier ont reconnu le cambrioleur grâce à ces images en janvier dernier. Ils avaient été appelés par des agents de sécurité d'une résidence quelques mois plus tôt pour expulser un homme qui prétendait faire du porte-à-porte pour vendre des CD, alors qu'il n'avait aucun CD sur lui. Il s'agissait du même individu: Normand Lafleur.

Or, les policiers ne l'ont pas arrêté tout de suite. Ils ont déclenché une opération de surveillance physique pour le prendre en flagrant délit. Lafleur est détenu depuis son arrestation le 22 février dernier.

La poursuite a déposé en preuve une dizaine de déclarations de victimes, dont certaines sont restées traumatisées. Une femme de 84 ans se «sent coupable» d'avoir cru le voleur lorsqu'il s'est prétendu plombier. «Je n'ai pas osé le dire à mes enfants. J'ai peur de leurs commentaires. Ils pourraient me faire des reproches», a-t-elle écrit.

«J'ai peur de ce qui serait arrivé si j'avais été là. Je n'aurais pas pu me défendre. Je suis handicapée», a dit une autre victime qui a été cambriolée en son absence.

De son côté, l'avocat de défense, Marc-André Champagne, a fait valoir que son client n'avait pas usé de violence pour commettre ses vols et qu'il était pris de remords sincères. Son client est prestataire d'aide sociale et a un problème de dépendance aux drogues.

L'homme de 48 ans a sangloté durant toute l'audience, assis dans le box des accusés. «Je tiens à m'excuser. J'ai dérobé de l'argent à des personnes qui ne le méritaient pas», a-t-il dit. Il n'en était pas à ses premiers cambriolages. Ses antécédents remontent au début des années 1980.

«Ce n'est pas la peine la plus sévère que j'aurais pu vous imposer. Certains facteurs atténuants, dont le fait que vous ayez plaidé coupable, ont milité en votre faveur», lui a expliqué le magistrat.