La seule manifestante sur 90 à avoir été détenue puis accusée au criminel dans la foulée des manifestations du week-end dernier au Palais des congrès a été remise en liberté ce lundi. Et les accusations contre elles pourraient tomber en raison de l'erreur cléricale d'un policier.

Vanessa Clavelle, 21 ans, est étudiante en histoire à l'UQAM et une des leaders locale de la contestation étudiante contre la hausse des droits de scolarité. Elle était du groupe de manifestants qui ont participé à l'action de blocage du Salon du Plan nord, samedi. Une manifestation bien plus calme que celle de la veille, qui avait tourné à l'émeute. Samedi par contre, les policiers ont procédé à 90 arrestations plutôt qu'aux quelques unes de vendredi. Les manifestants ont été arrêtés sur un balcon de la Caisse de dépôt et de placement du Québec après que la manifestation ait été déclarée illégale.

Tout le groupe a dû monter dans des autobus de la STM nolisés pour l'occasion. Ils ont été transportés au Centre opérationel est du SPVM. Tous ont été identifiés et se sont vus remettre une contravention pour participation à un attroupement illégal. Sauf la jeune Clavelle, qui avait été arrêtée l'été dernier en compagnie d'autres leaders étudiants.

Alors que naissait leur grogne dans les semaines suivant l'annonce de la hausse des droits de scolarité par le gouvernement Charest, des groupes d'étudiants avaient occupé en mars 2011 les bureaux de la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ), au 500 Sherbrooke ouest à Montréal, dans la tour Loto-Québec. Ils avaient aussi occupé les bureaux montréalais du ministère des Finances, au 380 Saint-Antoine ouest, dans le Centre de commerce mondial.

Arrêtée l'été dernier, Vanessa Clavelle avait signé une promesse de comparaître ultérieurement relativement à ces manifestations. Normalement, des conditions à respecter sont émises aux prévenus signant ce genre de promesse. Ce fut le cas pour elle.

Quand les policiers l'ont identifiée samedi donc, ils ont décidé de la maintenir en détention pour bris de condition, car selon eux, elle ne pouvait se trouver à moins de 100 mètres du 380 Saint-Antoine ouest.

Après deux jours de détention, elle a été formellement accusée ce lundi à la cour municipale de Montréal.

Au départ, la procureur aux poursuites criminelles et pénales chargée de l'affaire a annoncé qu'elle souhaitait révoquer la liberté conditionnelle de la jeune femme dans le dossier de mars dernier, en raison du bris récent, et la laisser derrière les barreaux jusqu'à son procès.

L'avocate qui représentait l'accusée, Me Debora De Thomasis, a d'abord opposé à cette volonté de la couronne que si Vanessa Clavelle était réellement trouvée coupable de bris de condition, la peine qu'elle encourrait se rapprocherait des deux journées déjà purgées en prison et qu'il était donc inutile de l'y laisser plus longtemps pour l'instant. Qui plus est, en fouillant dans le document énumérant les conditions imposées à la jeune femme lors de son arrestation l'été dernier, elle a fait une trouvaille étonnante.

«Le policier qui a rempli le document n'a pas coché la case à côté de la condition ne pas se présenter 380 St-Antoine ouest. Était-ce un oubli? En tout cas, ça fait qu'elle ne brisait aucune condition samedi», croit l'avocate.

Ainsi, la procureur a accepté que Vanessa Clavelle soit libérée moyennant le versement d'un dépôt de 500 $ et l'engagement, cette fois, qu'elle ne se trouvera pas à moins de 300 mètres du 380 Saint-Antoine. La cause a été reportée au 2 mai. Me De Thomasis entend bien demander un arrêt de procédure et tentera même de voir s'il y a lieu d'intenter au nom de sa cliente une poursuite civile contre le SPVM, pour détention illégale.