Les 29 jeunes arrêtés au terme d'une occupation du cégep du Vieux-Montréal en février dernier ont plaidé non coupable tour à tour, ce jeudi, au moment de leur première comparution au palais de justice de Montréal.

Environ la moitié d'entre eux fréquentent le cégep du Vieux-Montréal, a-t-on appris. Les autres accusés qui sont restés à l'intérieur de l'établissement la nuit du 17 février dernier étaient là «en appui» au mouvement de grève, a expliqué l'un de leurs avocats, Me Denis Poitras.

Leur comparution, qui s'est déroulée dans le calme, a duré moins de 45 minutes. Peu avant 10h, alors que les derniers comparaissaient, quelque 200 manifestants sont entrés dans le palais de justice en scandant des slogans: «libérez nos camarades» et «un procès à Charest».

Un constable spécial qui assure la sécurité au palais de justice a demandé poliment au groupe de quitter les lieux puisque leur attroupement était devenu «illégal». Ils ont obéi sans faire de grabuge et ont poursuivi leur manifestation à l'extérieur.

Neuf femmes et vingt hommes sont accusés d'attroupement illégal, d'avoir gêné l'exploitation légitime du cégep du Vieux-Montréal, de méfait à l'égard d'un bien de plus de 5000$ et d'entrave au travail des policiers.

L'un d'entre eux, Félix Généreux-Marotte, 20 ans, est aussi accusé de voies de fait contre les policiers du peloton Écho, du Groupe d'intervention tactique de la police de Montréal.

Delphine-Kim Thériault-De Carufel, aussi accusée, a indiqué qu'elle ne prenait pas sa cause au sérieux. «Ce sont des accusations complètement exagérées et fausses. Ce n'est pas sérieux. La juge, avec son collet rouge, c'est sûr qu'elle prend pour nous autres», a-t-elle dit aux journalistes.

La poursuite, représentée par Me Steeve Larivière et Me Audrey Simard, a accepté de modifier une condition de mise en liberté pour ceux qui étudient au cégep du Vieux-Montréal. Au départ, il leur était interdit de s'approcher à moins de 300 m de l'établissement. «Lorsque les cours vont reprendre, ils pourront réintégrer le cégep avec l'autorisation de la direction. On ne voulait pas les pénaliser outre mesure», a expliqué Me Simard.

Pour un autre des accusés, Ivan Bricka, 33 ans, il s'agira d'une seconde comparution en lien avec la grève étudiante. Il a également été accusé d'entrave et d'intimidation, pour un incident survenu le 12 mars à l'extérieur d'un local loué par les grévistes sur le boulevard de Maisonneuve, près de l'UQAM.

«Ils sont traités comme des criminels, alors qu'ils ne le sont pas nécessairement. Vingt-huit des vingt-neuf accusés n'ont pas d'antécédents judiciaires», a ajouté Me Poitras au sujet des mesures de sécurité renforcées mises en place ce matin au palais de justice. Il y avait beaucoup plus de constables spéciaux qu'à l'habitude. Les accusés ont tous dû franchir les arches de sécurité pour accéder à la salle d'audience.

La poursuite a remis ce matin une partie de la preuve à la défense. Me Poitras voulait la consulter avant de se prononcer sur la nature des accusations portées contre ses clients. «Un attroupement illégal dans un lieu privé, c'est intéressant. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça», a dit l'avocat d'expérience.

L'incident s'est produit au début de la grève contre la hausse des droits de scolarité. Dans la journée du 16 février, les élèves de l'Association générale étudiante du cégep du Vieux-Montréal ont tenu une assemblée qui s'est soldée par un vote à 58% pour la grève. Une manifestation s'est amorcée vers 20h autour de l'établissement, situé rue Ontario près de la rue Saint-Denis. Certains cégépiens étaient toutefois restés dans les locaux.

Un ordre d'éviction a été donné dans la soirée. La plupart des contestataires l'ont respecté, mais un petit groupe est resté. En début de nuit, les policiers sont entrés pour fouiller l'immeuble et il y a eu affrontement.

Selon ce que le SPVM a déclaré le lendemain, certains élèves ont lancé des projectiles en direction des policiers, et le contenu d'un extincteur d'incendie a été projeté dans leur direction. Des meubles auraient aussi été utilisés comme barricade, et des graffitis ont été dessinés sur les murs. Du côté des élèves, on accusait la direction et la police d'avoir mis le feu aux poudres.

Les accusés doivent retourner en cour le 22 mai pour la suite du processus judiciaire.

Avec Christiane Desjardins