«C'est moi qui l'a tuée», aurait avoué Richard Bouillon en fixant intensément Johanne Dubois, la préposée aux bénéficiaires qui lui prodiguait des soins dans sa chambre-cellule de la Cité-de-la-Santé, en juin 2006.

Ce genre d'aveu au sujet du meurtre de Julie Surprenant, Richard Bouillon en aurait fait au moins quatre fois dans les jours précédant sa mort, en juin 2006. Ses propos n'étaient pas un secret. Les deux employées qui affirment les avoir entendus en parlaient ouvertement avec les collègues du service. Mais personne n'a pensé à prévenir la police.

Les années ont passé, effaçant peut-être à jamais les précieux indices qui auraient pu permettre de résoudre le crime. C'est le troublant constat qui se dégage de la première journée de l'enquête du coroner qui vise à comprendre ce qui a pu arriver à l'adolescente de 16 ans, disparue en 1999. Cette enquête, présidée par la coroner Catherine Rudel-Tessier, a été instituée en raison des «confidences» de M. Bouillon.

En phase terminale de cancer, l'homme avait été transféré de la prison à l'hôpital, le 13 juin 2006. Avant de mourir, huit jours plus tard, celui qui avait toujours été considéré comme le principal suspect aurait voulu apaiser sa conscience et la famille de la jeune fille. À trois reprises, il aurait confié à l'infirmière auxiliaire Annick Prudhomme qu'il était «l'auteur» du meurtre. Deux jours avant sa mort, M. Bouillon aurait précisé qu'il avait mis le corps dans un sac de hockey, qu'il avait ensuite jeté dans la rivière des Mille Îles, en face de l'église de Terrebonne. Il a apparemment demandé à parler à Claude Poirier, journaliste judiciaire bien connu, qui anime une émission à TVA.

Peur de lui

À l'époque, Mme Prud-homme savait que Richard Bouillon était le principal suspect du meurtre de Julie Surprenant. Elle lui administrait les soins et sortait aussitôt. Elle avait peur de lui, le trouvait effrayant, a-t-elle expliqué mardi.

Mme Prudhomme a gardé le silence parce qu'elle pensait que M. Bouillon avait pu rencontrer Claude Poirier finalement. Elle n'a pas expliqué ce qui avait pu lui laisser croire qu'une telle rencontre avait eu lieu. En janvier 2011, elle a réalisé que Claude Poirier n'avait pas parlé à M. Bouillon. Elle a décidé de laisser un message à l'animateur. Celui-ci l'a rappelée, et l'affaire a fait boule de neige.

Les policiers ont fouillé dans la rivière des Mille Îles en septembre dernier, sur une distance de 600 mètres. Ils n'ont rien trouvé. Le lit de la rivière a été balayé par les crues et les courants depuis 1999, a expliqué Jean-Sébastien Parent, plongeur de la Sûreté du Québec qui a fait les recherches.

On a aussi appris, mardi, que les aveux de M. Bouillon ont peut-être été enregistrés, voire filmés. Il y avait deux caméras qui filmaient dans la chambre-cellule de M. Bouillon à l'hôpital. Six ans après, elles ont certainement été effacées.

Il est à noter que les policiers ont tenté d'obtenir des aveux de Bouillon avant son transfert à l'hôpital. Le sachant condamné, ils sont allés le voir en prison en mai 2006. Mais l'homme leur a répondu qu'il n'avait rien à leur dire, a expliqué l'enquêteur de la Sûreté du Québec Sébastien Rousseau.

L'enquête se poursuit au-jourd'hui. Le père de la jeune disparue, Michel Suprenant, assiste à l'enquête. Il est représenté par Me Marc Bellemare, ex-ministre de la Justice, qui a posé de nombreuses questions aux témoins, mardi.