La Cour fédérale a accepté jeudi de suspendre le renvoi, prévu demain, d'une jeune femme menant une grossesse à risque en Guinée, l'un des pays où la mortalité infantile est la plus élevée au monde.

Ama Bah est arrivée au Canada il y a 12 ans. Elle a obtenu l'asile, puis la résidence permanente, avant de tout perdre : son ancien conjoint a révélé aux services d'immigration qu'elle a changé de nom en demandant l'asile, un motif justifiant des mesures de renvoi.

Mais son départ a été reporté à plusieurs reprises au cours des dernières années en raison de son état de santé. Elle subit en effet plusieurs opérations à l'utérus.

Aujourd'hui enceinte de 4 mois, elle mène une grossesse étroitement surveillée. Le personnel médical et social de la Maison Bleue, un organisme de bienfaisance offrant des services périnataux aux femmes en difficulté, avait dénoncé son expulsion vers la Guinée, ou non seulement la vie de son bébé, mais aussi la sienne aurait été en danger.

«De ma vie, je n'ai pas souvent rencontré de femmes avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. La renvoyer en Guinée, c'est impensable : elle est en danger de mort», explique Isabelle Brabant, sage-femme à la Maison bleue.

La Cour fédérale a finalement accepté jeudi après-midi d'accorder un sursis à Mme Bah afin de lui permettre de mener sa grossesse à terme au Canada.

L'Agence des services frontaliers du Canada précise qu'un report de renvoi ne signifie pas une annulation de la mesure de renvoi.