On ne badine pas avec le décorum dans les cours de justice, mais certaines situations commandent un peu plus de rusticité. C'est ainsi qu'en raison d'une envie pressante et d'un petit problème de logistique, un détenu a été contraint d'uriner dans des verres en plein tribunal, la semaine dernière, au palais de justice de Montréal.

L'incident s'est produit dans l'après-midi du 8 février, alors que plusieurs causes se succédaient à la salle 5.07. Un jeune homme qui se trouvait dans le box des accusés, pendant que la juge Isabelle Rheault entendait une autre cause, n'en pouvait plus et a interrompu la juge.

«Excusez, madame la juge, j'ai vraiment envie de pisser», a-t-il lancé un peu gêné.

De petits rires ont fusé dans la salle d'audience, pendant que la juge tentait de trouver une solution.

L'agente de détention qui se trouvait dans le box des accusés a expliqué que monsieur ne pouvait pas aller aux toilettes dans la cellule attenante à la salle d'audience, car il y avait déjà un détenu.

«Est-ce qu'il [l'autre détenu] est embarré? Est-ce que lui peut aller aux toilettes?», a demandé la juge.

«Non, parce que je suis toute seule», a répondu l'agente de détention.

Un procureur qui se trouvait dans la salle a proposé de faire «un petit noeud», blague que la juge n'a pas trouvée drôle.

«Me Fortin!», a répliqué la juge.

Puis, elle a demandé au jeune homme d'essayer de se retenir et a continué à entendre l'autre cause. Quelques minutes plus tard, le jeune homme est revenu à la charge.

«Excusez, madame la juge, faut vraiment que j'aille aux toilettes. Vous voulez que j'urine à terre? Je peux pas uriner à terre. Je pisse pas dans mes culottes.»

Le jeune homme a proposé que quelqu'un l'accompagne aux toilettes.

«Vous êtes sous mandat, je ne peux pas faire ça», a répondu la juge.

Trois verres plus tard

Vu l'impasse, quelqu'un a fait remarquer qu'il y avait des verres de plastique dans la salle d'audience. «Mais les verres, faut s'entendre que c'est petit», a ajouté cette personne.

Aux grands maux les petits remèdes. La solution des verres a été retenue. La juge et la greffière sont sorties de la salle d'audience pendant que le jeune homme faisait ce qu'il avait à faire, comme il pouvait.

Trois verres plus tard, le problème était réglé pour cet émule du comédien Gérard Depardieu.