Le service de police de la réserve d'Opitciwan pourrait disparaître. C'est ce qu'affirme la communauté attikamek, qui demande à Québec et Ottawa d'assurer un financement adéquat puisque la communauté n'est pas épargnée par la criminalité.

Les policiers de la réserve ont commencé leur année financière avec en tête un budget de 2,2 millions de dollars. Dix mois ont passé depuis le début de 2011-2012, mais la communauté ne s'est toujours pas entendue avec les gouvernements provincial et fédéral. À la table des négociations, les représentants de l'État laisseraient entendre que le financement sera plutôt de 1,7 million, financé à 48% par Québec et 52% par Ottawa, soutient le chef du Conseil des Attikameks d'Opitciwan, Christian Awashish.

Selon lui, les besoins en sécurité publique sont équivalents à ceux d'une population de 60 000 personnes, même si la communauté ne compte que 2169 membres dans la réserve.

Seulement entre Noël et le jour de l'An, les 16 policiers de la région ont dû ouvrir 142 dossiers. «Il y a des cas de violence conjugale, du vandalisme, des tentatives de suicide et des suicides. Et il y a des périodes plus chaudes, en été par exemple, lorsqu'il y a des gros mariages. Imaginez 4 policiers intervenir dans un party où il y a 100 personnes. Ce n'est pas facile», explique-t-il.

La communauté attikamek d'Opitciwan se retrouve donc devant deux options: mettre à pied des policiers pendant une période de temps indéterminée ou tout simplement fermer le poste de police.

Si ce scénario se concrétise, la réserve serait alors desservie par la Sûreté du Québec. Or, le poste le plus proche se trouve à cinq heures de route, affirme le chef. «On pense que ça va coûter trois à quatre fois plus cher au gouvernement du Québec si c'est juste la Sûreté du Québec qui donne le service. C'est inimaginable de ne faire qu'une patrouille à Opitciwan. Ça prend des policiers sur place, en permanence et en tout temps.»

Québec et Ottawa peu bavards

L'attaché de presse du ministre provincial de la Sécurité publique, Mathieu St-Pierre, assure que les négociations sont toujours en cours entre son gouvernement et la communauté attikamek. Il explique cependant que le financement des corps policiers se fait en fonction de différents critères. «C'est pour permettre une certaine uniformité un peu partout sur le territoire autochtone. C'est pour qu'il n'y ait pas un service de police plus nombreux dans une communauté où la criminalité est plus faible.»

Le ministre des Affaires autochtones, John Duncan, pour sa part, a acheminé nos questions à son collègue à la Sécurité publique, Vic Toews, hier. Celui-ci assure qu'il est engagé à maintenir un service de police efficace à Opitciwan.

«Nous continuerons de négocier de bonne foi, tant avec le gouvernement du Québec qu'avec la communauté, a indiqué le porte-parole du ministre Toews, Michael Patton. Nous avons bon espoir d'en arriver à une entente aussi tôt que possible.»

- Avec Martin Croteau