Les avocats du seul Canadien condamné à mort aux États-Unis ont officiellement déposé une demande de clémence aux autorités de l'État du Montana.

Leur client, Ronald Smith, maintenant âgé de 54 ans, est dans le couloir de la mort aux États-Unis depuis près de 30 ans pour les meurtres de deux hommes en 1982. Tous les appels logés précédemment par l'homme originaire de Red Deer, en Alberta, ont été jusqu'ici rejetés.

Ses avocats demandent au gouverneur Brian Schweitzer de commuer sa peine en emprisonnement à perpétuité. Ils affirment que Smith a changé, et que les meurtres ont été commis alors qu'il n'avait que 24 ans et qu'il était sous l'emprise d'une funeste combinaison d'alcool et de stupéfiants.

«Malgré les circonstances difficiles entourant son emprisonnement et son isolement pendant 28 ans, il a véritablement tenté de vivre une vie qui démontre ses remords, mais aussi sa réhabilitation, un changement d'attitude et le désir de faire le bien», indiquent les documents préparés par les avocats Greg Jackson et Don Vernay.

«Nous demandons que vous examiniez le dossier de M. Smith et que vous acceptiez de commuer sa peine de mort en une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.»

Ronald Smith a été reconnu coupable en 1983 d'avoir abattu Harvey Mad Man, âgé de 23 ans, et Thomas Running Rabbit, âgé de 20 ans. Il avait traversé la frontière à pied avec deux amis en possession d'un fusil de calibre .22 à canon tronçonné.

La demande de clémence de Ronald Smith est appuyée par une lettre du gouvernement du Canada, qui endosse sa démarche. La missive, datée du 5 décembre, a été envoyée au nom du ministre des Affaires étrangères, John Baird.

«Le gouvernement du Canada n'approuve pas les crimes violents et cette lettre ne devrait pas être considérée comme reflétant un jugement de la conduite de M. Smith. Le gouvernement du Canada demande que vous octroyiez la clémence à M. Smith pour des motifs humanitaires.»

L'Union américaine des libertés civiles (ACLU) a déjà intenté une poursuite civile en 2008 au nom de M. Smith, arguant que la méthode d'exécution au Montana constitue un traitement cruel et inusité.

Lors de son jugement, en 1983, Smith avait demandé la peine de mort - il avait déjà refusé de conclure une entente de plaidoyer qui l'aurait condamné à la prison à vie.

Il a plus tard changé d'avis et demandé à la Cour de district de réévaluer la peine de mort qui lui avait été infligée. Cela a mené à trois décennies de saga judiciaire.

«En raison du mélange de ses remords à propos des crimes, de son isolement virtuel dans un pays étranger sans aide consulaire, et des actions déplorables de son avocat lors du procès, Smith a décidé de plaider coupable et demander la peine de mort», ont précisé ses avocats.

«En ayant été placé dans un environnement moins isolé, il a immédiatement réalisé la folie et le côté impulsif de ses gestes, et a tenté d'obtenir la première peine offerte par l'État du Montana, mais l'État a refusé de considérer sa requête.»

Le document présenté en cour indique que Smith a commencé à boire dès l'âge de 11 ans et était l'aîné de quatre enfants qui ont grandi dans un environnement violent et dysfonctionnel.

Me Jackson a déclaré à La Presse Canadienne qu'il faisait preuve d'un «optimisme prudent» quant à la demande de clémence, mais précise qu'il s'agit d'une affaire difficile.

Après avoir représenté Smith pendant des décennies, il a admis que le fait de réaliser que la saga tirait à sa fin était troublant. «Lorsque nous finalisions la demande, nous avons réalisé qu'après toutes ces années, il s'agit techniquement de l'ultime possibilité d'appel», a déclaré Me Jackson lors d'une entrevue téléphonique.