Conscient qu'il ne serait jamais tranquille au Canada, où la police le considère toujours comme un acteur important lié à la mafia, le tueur Moreno Gallo a finalement accepté d'être expulsé et de monter volontairement à bord d'un avion à destination de son Italie natale mercredi matin, a appris La Presse.

Escorté par des agents de l'Agence des services frontaliers, le grand-père de 66 ans a pris un vol vers Toronto peu avant midi, où il devait prendre une correspondance pour l'Italie.

«Il s'est dit: "Je vais rester vulnérable jusqu'à la fin de ma vie à des suspensions de ma liberté conditionnelle." Vu sa dernière expérience, il s'est réveillé et a compris qu'il serait dans son intérêt d'accepter l'expulsion. Il n'est plus jeune, et il aimerait profiter en liberté des années qui lui restent», a expliqué son avocat, Stephen Fineberg.

Avec la mort, l'emprisonnement ou la disparition de plusieurs membres importants du crime organisé italien, Gallo était une des rares figures connues de l'époque des Cotroni et des Rizzuto à demeurer en liberté à Montréal.

Un arbitre

Âgé de 66 ans, il soutient avoir coupé depuis longtemps tout lien avec le crime organisé. La Commission des libérations conditionnelles concède d'ailleurs que rien ne prouve qu'il soit encore proche de la mafia.

Mais la police, elle, croit qu'il a continué à jouer un rôle important, notamment pour arbitrer des conflits.

Gallo a immigré au Canada avec sa famille à l'âge de 9 ans. Jeune adulte, il s'est placé sous la direction des mafieux Paolo Violi et Vic Cotroni, tous deux d'origine calabraise comme lui. En 1973, Violi lui aurait demandé d'assassiner un trafiquant de drogue qui travaillait pour le gang des frères Dubois, de Saint-Henri. Gallo a été arrêté quelques minutes après le meurtre et condamné à la prison à vie.

Il a obtenu une libération conditionnelle totale en 1983. Mais en 2005, au cours de l'opération Colisée, les agents de la GRC l'ont vu entrer au Consenza, quartier général de la mafia à Saint-Léonard. Il remettait alors des liasses d'argent aux dirigeants mafieux.

Sa libération conditionnelle a été révoquée. Il a de nouveau été jeté en prison. Alors qu'il s'apprêtait à recouvrer à nouveau la liberté, en avril 2010, l'Agence des services frontaliers a découvert qu'il n'avait jamais obtenu sa citoyenneté canadienne. Il pouvait donc être expulsé vers l'Italie en raison de sa criminalité.

Moreno Gallo combattait l'expulsion depuis.

Un séjour pénible en cellule

Mais en décembre, alors que la mafia continuait d'être secouée par une série d'assassinats, sa libération conditionnelle a encore une fois été révoquée temporairement. «Pour une formalité», insiste son avocat.

Le sexagénaire a trouvé pénible de devoir passer plusieurs jours en cellule alors qu'il tente de mener une existence paisible, explique

Me Fineberg. Il a donc accepté de retourner en Italie refaire sa vie avec sa conjointe.

«C'est ce que la famille voulait aussi. Sa femme est une femme d'affaires. Elle a travaillé toute sa vie et aimerait prendre sa retraite. Elle voulait faire sa vie à l'extérieur avec lui», ajoute l'avocat.

Celui-ci souligne que si son client a pu quitter le pays, c'est parce que la Commission des libérations conditionnelles a bon espoir qu'il ne commettra aucun crime en Italie.