Un jeune homme qui avait 16 ans lorsqu'il a tué sa victime de 38 coups de couteau pourrait écoper d'une peine pour adulte. C'est du moins ce qu'a demandé la Couronne, hier, lors des plaidoiries sur la peine à la suite du procès pour le meurtre de Dany Ouellette.

En avril dernier, un jury a reconnu le jeune homme (qu'on ne peut nommer en raison de son âge au moment du crime) coupable de meurtre non prémédité. L'affaire s'est produite en mars 2010 lorsqu'une dispute a éclaté entre l'assassin et la victime de 24 ans à l'intérieur d'un bar du quartier Saint-Henri.

L'adolescent et quatre autres personnes ont ensuite attendu la victime à la sortie de l'établissement. Le jeune homme l'a poignardée à 38 reprises à l'aide d'un couteau de cuisine alors que les autres la retenaient ou la rouaient de coups.

Vidéo du crime

La scène, captée par des caméras de surveillance, a été montrée hier au juge Claude Champagne, qui préside l'affaire en Chambre de la jeunesse de Montréal. Assis dans le box des accusés, le jeune homme, aujourd'hui âgé de 18 ans, a gardé les yeux rivés au sol pendant toute la durée de la diffusion. La mère de Dany Ouellette est sortie de la salle, incapable de visionner les images.

«La gratuité et l'acharnement, c'est-à-dire le nombre de coups de couteau, en font un meurtre crapuleux», a souligné la procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Bourassa, après la diffusion des bandes vidéo. «C'est un facteur que je considère comme aggravant», a-t-elle ajouté.

Cette dernière a également soutenu que le jeune homme manquait d'introspection par rapport au crime et a souligné son peu d'empathie envers les membres de la famille de la victime. Elle a expliqué qu'il faudrait du temps au jeune homme pour modifier «son mode de pensée et ses valeurs délinquantes».

De son côté, la défense, représentée par Me Annie Laflamme et Me Mathieu Longpré, soutient qu'au moment des événements, l'adolescent ne pouvait pas être considéré comme étant une personne ayant fait preuve de «maturité».

Me Laflamme a aussi indiqué que le jeune homme avait éprouvé des remords et était devenu émotif lorsqu'il a appris que la mère de Dany Ouellette avait perdu son fils unique. Elle est aussi revenue sur son enfance difficile.

Pour ces raisons, la défense estime qu'il devrait être jugé comme un adolescent. Elle propose une peine maximale de sept ans de prison, le maximum prévu dans le système juvénile. Cette période serait écourtée en raison de sa détention préventive depuis le début du processus judiciaire, au printemps 2010.

Le ministère public a plutôt demandé l'emprisonnement à perpétuité avec possibilité de demander une libération après sept ans.

Le jugement sera rendu le 20 janvier prochain.